Les retombées du conflit ArcelorMittal ont pesé lourd sur le potentiel économique local, quand bien même la grève n'a duré que le temps de trancher, par voie judiciaire, sa légalité ou pas. Pour ArcelorMittal, les répercussions de la paralysie des installations de base – les trois laminoirs (laminoir à chaud, laminoir à froid, laminoir à rond à béton), les trois aciéries (deux aciéries à oxygène et une aciérie électrique), les deux hauts fourneaux – s'est traduite par une perte sèche de 320 t d'acier liquide, soit l'équivalent de 600 000 dollars. Il en est de même pour la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) de Annaba : un manque à gagner de plus de 2,1 millions de dinars, quatre trains de 5000 t de minerai de fer en attente de déchargement au complexe, en plus d'autres trains chargés de divers produits sidérurgiques destinés au marché national et à l'exportation. « Si cette grève venait à s'inscrire dans la durée, l'impact serait plus lourd pour notre entreprise car au jour d'hier, nous avions cumulé un total de 11 trains chargés de minerai à l'arrêt. Nous avions déjà 7 autres trains en attente de déchargement à El Hadjar avant le déclenchement de la grève », nous a indiqué hier, par téléphone, Naït Merzoug Noureddine, directeur régional de la SNTF Annaba. D'autant que, a-t-il précisé, ArcelorMittal est le principal client en termes de fret ferroviaire vu le flux transporté pour le compte de l'usine d'El Hadjar. Le rail assure une grande partie du transport des produits de cette dernière depuis les sites miniers de l'Ouenza et de Boukhadra avec pas moins de 2,5 millions de tonnes pour le minerai de fer, 900 000 t de charbon et 400 000 t de produits sidérurgiques divers annuellement. M. Salhi, PDG de l'Entreprise portuaire de Annaba (EPA) affirme, pour sa part, que l'immobilisation à quai d'un navire chargé de 4000 t de gueuse de fonte, que ArcelorMittal devait fournir à ses clients en Espagne, n'est d'aucun impact notable sur son entreprise. « Notre entreprise ne peut pas être sensiblement affectée par cette grève du moment que l'unité portuaire où s'effectuent les chargements et les déchargements des produits est sous le contrôle d'ArcelorMittal », a tenu à préciser le responsable. Toujours concernant le complexe d'El Hadjar, deux autres navires en provenance de Pologne, chargés de 13 000 et 22 000 t de coke, sont annoncés pour les 24 et 25 juin, a-t-il ajouté. Du côté des Douanes, les répercussions ne peuvent être estimées qu'au-delà d'un mois de grève. « Ce n'est que lorsque la grève dépasse un mois que nous pouvons parler de problèmes, qui concerneront surtout l'entreprise ArcelorMittal », s'est limité à dire Rabia Belhatem, inspecteur principal aux opérations commerciales des Douanes de Annaba. Selon lui, en moyenne, le chiffre d'affaires annuel à l'export annuel réalisé par le complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar s'élève à plus de 200 millions de dollars. En termes de tonnage, le volume en produits sidérurgiques exporté va de 400 000 à 600 000 t/an.