Hier encore, les trois réseaux de téléphonie mobile étaient inactifs dans la wilaya de Boumerdès, pendant que se poursuivaient l'opération de bouclage de certaines zones suspectées abriter des terroristes d'Al Qaîda et l'offensive militaire dans d'autres. Si aucun bilan officiel n'a été communiqué ni aucune explication donnée aux citoyens qui n'ont ainsi eu d'autre choix que de colporter la rumeur, une source sécuritaire nous a confirmé qu'effectivement, un important groupe terroriste est encerclé dans les maquis de Sidi Ali Bounab, du côté de la wilaya de Tizi Ouzou, et que, jusqu'à hier en milieu de journée, une quinzaine de terroristes auraient été abattus. Les forces de l'ANP progressent avec la plus grande vigilance et n'ont pu, jusqu'ici, se rapprocher des zones ciblées, ajoute notre source. Or, mis à part la désactivation des réseaux de téléphonie mobile – qui était hier à son troisième jour – il n'y a pas de signe indiquant qu'une opération de très grande envergure est en train d'être menée sur le terrain. Le redoublement de la vigilance constaté dans la journée de vendredi et, à un degré moindre hier, sur les routes de Boumerdès, est à vrai dire «une mesure habituelle et courante», comme dirait un habitant de Boumerdès. Pour mieux nous imprégner de la situation nous nous sommes rendus dans les communes de Naciria et de Ammal. A l'est de la wilaya de Boumerdès, en contrebas des monts de Sidi Ali Bounab, «rien n'indique qu'une intervention de taille ou qu'un danger quelconque soit imminent», nous disaient avant-hier en milieu d'après-midi des jeunes rencontrés au chef-lieu communal de Laâzib. «Jeudi dernier, nous avons vu des hélicoptères de l'armée survoler la forêt et nous avons entendu des déflagrations d'obus tirés par ces appareils. Après, silence total», nous dit-on encore. Au niveau des barrages, qu'ils soient de l'armée ou des autres corps de sécurité, nous ne sommes même pas interpellés. La population ne sent aucune pression ni aucun changement dicté par cette intervention, mis à part les conséquences de la désactivation des réseaux de téléphonie mobile. «Les autorités n'ont jusqu'ici avancé aucune explication. Les opérateurs aussi se sont murés dans un silence inadmissible. Si c'est pour des impératifs de sécurité, nous sommes prêts à consentir tous les sacrifices possibles, il est tout de même exigé de nos responsables qu'ils manifestent un minimum de respect à notre égard», nous disait, hier en milieu de journée, Mohamed, un habitant de Ammal, au sud-est de la wilaya de Boumerdès. Les habitants de Djerrah, Bouaïdel et d'autres villages situés près des maquis de la région soutiennent que les mouvements de l'armée, ces trois derniers jours, n'ont rien d'exceptionnel. Ceci pendant que des sources au fait des actions des forces de sécurité indiquent que la forêt est pratiquement hermétiquement bouclée. «Les autorités ont décidé de nous mettre hors champ afin de prévenir les attentats à la bombe et permettre ainsi la progression des troupes dans les maquis, entendons-nous dire. Elles devraient de ce fait nous communiquer les résultats de cette action lorsqu'elle sera terminée», commente un habitant de la région.