L'Etat a réservé 46 milliards de dinars pour la réhabilitation et la modernisation de 47 hôtels du secteur public qui seront reclassés à la fin de l'opération qui sera éventuellement menée en partenariat avec les chaînes Starwood et Accor, a indiqué le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Samïl Mimoune, dans cet entretien accordé à El Watan Economie. -Vous avez déclaré que les 76 hôtels relevant du secteur public ne seront pas vendus. Pourquoi ce renoncement à la privatisation de ces hôtels ? La question de la privatisation ne peut pas être traitée indépendamment de l'expérience déjà vécue en ce qui concerne le transfert de propriété d'un certain nombre d'unités hôtelières dans les années précédentes. L'option prise dans ce cadre privilégiait la mise à niveau des infrastructures privatisées, la rationalisation de l'exploitation, la création d'emplois ainsi que la rentabilisation de la gestion. Au vu de ce qui a été constaté pour les unités cédées, les pouvoirs publics comptent reconsidérer leur façon de faire en privilégiant la valorisation de ce patrimoine, par l'option de modernisation conformément aux standards internationaux en la matière et la formule de partenariat avec les chaînes hôtelières de renommée internationale. -La formule «location-gestion» ou «contrats de gérance» sera adoptée. Quand sera-t-elle en vigueur et quelle est la procédure envisagée pour l'octroi de ces «contrats de gérance » ou de la «location-gestion» ? Cette question n'est pas nouvelle chez nous, et je veux dire par là que certaines unités hôtelières sont gérées sous des enseignes bien connues à travers le monde, telles que Sheraton, Sofitel, Mercure et Safir. La mise de ces unités sous le management de ces enseignes internationales assure un transfert de savoir-faire et un meilleur marketing touristique. Aussi, l'opportunité de recourir à ce type de partenariat reste toujours envisagé, et à ce propos, je vous rappelle que dans un passé très récent, nous avons mené des discussions avec les chaînes Starwood et Accor pour justement étudier la question du management des hôtels M'zab à Ghardaïa et Tahat à Tamanrasset. -Peut-on connaître la situation financière actuelle de ces hôtels ? Il est vrai que le secteur du tourisme a souffert par le passé des circonstances qui ont caractérisé le secteur du tourisme ainsi que l'activité économique d'une façon générale. Ceci à l'évidence a fortement gêné l'exploitation de certaines infrastructures touristiques et unités hôtelières. Aujourd'hui, après le retour à la sérénité, l'activité touristique est en constante progression et pour preuve, le nombre des entrées aux frontières a presque atteint les deux millions. Cette reprise des flux, corrélée au dynamisme du reste des secteurs, s'est traduite par un regain d'activité au niveau de nos entreprises touristiques. Ceci a permis aux entreprises, en difficulté financière, de rééquilibrer leurs comptes, en procédant même au recrutement de nouveaux personnels.Mieux encore, d'autres entreprises arrivent à réaliser des résultats particulièrement encourageants à l'exemple des entreprises de gestion hôtelière El-Aurassi et El-Djazaïr ou encore de l'Entreprise de gestion touristique du centre. -Plusieurs d'entre eux nécessitent une réhabilitation. A combien estimez-vous l'investissement nécessaire à cette opération avec les détails liés à sa concrétisation ? La nécessité de sauvegarder les infrastructures touristiques et hôtelières en vue d'une meilleure prestation de services et plus d'impacts économiques et sociaux, demeure notre préoccupation majeure, compte tenu de l'âge et de l'état physique d'un patrimoine qui a été réalisé et mis en exploitation dans les années 1970 -80. Dans ce cadre, une opération de modernisation est en cours de finalisation au plan méthodologique et financier, par la Société de Gestion des participation de l'Etat Gestour. Celle-ci concernerait 47 unités hôtelières et touristiques, pour une enveloppe globale de 46 milliards DA. Il s'agit en fait de la modernisation de la filière thermale pour un montant de 11,7 milliards de dinars, de la filière balnéaire pour un montant de 13 milliards de dinars, de la filière de l'hôtellerie saharienne pour un montant de 4 milliards de dinars, de la filière de l'hôtellerie urbaine, pour un montant de 10,5 milliards dinars, de la filière de l'hôtellerie de montagne ou climatique pour un montant de 3,2 milliards de dinars et enfin des centres touristiques de Zéralda et de Sidi Fredj pour un montant de 3,5 milliards de dinars. -Le classement des hôtels est soumis à l'agrément. Quel est le nouveau plan mis en place par votre département à cet effet ? Il s'agit en fait d'une progression dans la mise en œuvre du «Plan qualité tourisme», auquel nous attachons une importance particulière dans le processus de l'amélioration de l'offre touristique nationale et du renouveau du tourisme algérien. Pour rappel, et afin d'accompagner les professionnels dans cet objectif, l'Etat, à travers la loi de finances complémentaire 2009, a encouragé la notion de qualité dans les entreprises touristiques par l'accès à des avantages en termes de bonification de 3% et de 4,5% du taux d'intérêt applicable aux prêts bancaires pour les actions de modernisation des établissements touristiques ainsi que le bénéfice du taux réduit de droit de douane pour les acquisitions d'équipements et d'ameublement, non produits localement, selon les standards hôteliers, rentrant dans le cadre d'opérations de modernisation et de mise à niveau de ces établissements. -Qu'en est-il de ces hôtels relevant du secteur public ? En ce qui concerne les unités hôtelières relevant du portefeuille de la Société de gestion des participation de l'Etat, Gestour, la dernière opération de classification a donné lieu au classement de 6 hôtels en 5 étoiles, 1 hôtel en 4 étoiles, 3 hôtels en 3 étoiles et 2 hôtels en 2 étoiles. Il est évident que pour le reste, le classement interviendrait au fur et à mesure de la mise en œuvre de l'opération de modernisation, qui sera incessamment lancée. -50 hôtels ont été classés par l'ancien département du tourisme relevant du ministère de l'Aménagement du territoire. Ce classement sera-t-il revu ? Concernant les 50 classements effectués, il s'agit de l'entame d'une opération de classement et de reclassement de tous les établissements constituant le parc hôtelier national. A ce titre, pour cette première opération, la commission nationale de classement, chargée de classer les hôtels 2 étoiles et plus a délivré des décisions de classification pour 7 hôtels dans la catégorie 5 étoiles, 2 hôtels 4 étoiles, 13 hôtels en 3 étoiles et 28 hôtels 2 étoiles. Aussi, la poursuite de l'opération a abouti au classement d'un hôtel en 4 étoiles, 15 hôtels en 3 étoiles et 7 hôtels en 2 étoiles. -Pourquoi le tourisme n'arrive pas à émerger, alors qu'il renferme d'importantes potentialités pour contribuer à l'amélioration de la croissance hors hydrocarbures ? C'est justement pour replacer le secteur du tourisme dans la formation de notre valeur ajoutée globale que nous nous attelons à mettre en œuvre une stratégie de développement, à moyen et long termes, en faisant valoir la diversité et la particularité de notre potentiel touristique, culturel et historique.C'est dans cette perspective que le Schéma directeur d'aménagement touristique (SDAT) a été élaboré et adopté par le gouvernement. Celui-ci se fonde sur les dynamiques du «Plan destination Algérie» pour l'accroissement de l'attractivité de notre destination touristique, du «Plan qualité tourisme » pour l'amélioration de la qualité de notre offre touristique, du développement de l'investissement dans le tourisme ainsi que de l'accompagnement des pouvoirs publics, comme facteurs de succès pour un développement progressif et durable du tourisme. -Le sud du pays, qui jusque-là attirait les touristes étrangers, souffre d'un net recul en raison de la situation sécuritaire. Comment y remédier ? Le produit saharien, qui constitue un produit d'appel de premier plan, continuera de particulariser l'attrait de la «Destination Algérie» pour les marchés touristiques internationaux. Cette réalité est perceptible à travers les flux touristiques enregistrés au niveau de la wilaya de Tamanrasset, à titre d'illustration, où sur les 10 300 touristes recensés au début de cette saison, 2200 étaient de nationalités étrangères, de même que nos agences de voyages enregistrent des demandes de plus en plus nombreuses pour la fin de cette année. Ce qui devrait certainement être le cas pour le reste de nos contrées sahariennes telles que le Tassili, la Saoura ou les Oasis.