Le marché touristique algérien reste attractif, même si le manque d'infrastructures handicape le développement du secteur. Il faut dire néanmoins que les grandes enseignes hôtelières internationales ont pris conscience des potentialités du marché et ont entamé, depuis quelques années, un programme d'installation en Algérie. Ces dernières se sont d'ailleurs attelées à développer une hôtellerie haut de gamme dans un premier temps, à l'image de la chaîne Hilton qui s'est associée au groupe Dahli qui possède actuellement l'hôtel Hilton Alger, ou de la chaîne Starwood qui a implanté deux hôtels Sheraton à Alger et à Oran et qui compte prochainement ouvrir un Hôtel sous l'enseigne Le Méridien à Oran. Le groupe Accor est présents depuis plusieurs années avec l'enseigne Sofitel et Mercure et développe depuis peu un autre type d'hôtellerie en partenariat avec le groupe Mehri sous l'enseigne Ibis et entend ouvrir une dizaine d'hôtel 2 étoiles sous cette même enseigne. Néanmoins, les entreprises publiques de gestion touristiques semblaient jusqu'à aujourd'hui adopter une attitude passive, comparée à celle de leurs concurrents. Aussi, les potentialités du marché sont immenses et offrent des marges de manœuvre très intéressantes, notamment dans le sud du pays. La prise de conscience de cet état de fait a été très récente et le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme entend mettre fin à la léthargie observée jusque-là. C'est dans ce sens justement que deux nouvelles grandes chaînes hôtelières publiques seront créées très prochainement. En effet, El Djazaïr et El Aurassi sont désormais transformés en chaînes hôtelières après le rattachement à ces deux établissements touristiques de plusieurs hôtels du sud du pays. Selon le secrétaire général de la Société de gestion des participations tourisme et hôtellerie (Gestour), Mokrane Louanchi, avec cette opération qui intervient dans le cadre d'une réorganisation du portefeuille de la société Gestour, les entreprises de gestion hôtelière El Djazaïr et El Aurassi prennent désormais la dénomination de "chaîne El Djazaïr" et "chaîne El Aurassi" dont les logos feront l'objet d'un enregistrement en qualité de "label" auprès de l'Institut national algérien de propriété industrielle (Inapi) et tout autre organisme concerné. Cette réorganisation s'est traduite par le rattachement à la chaîne El Djazaïr de trois unités hôtelières, à savoir l'hôtel Taghit (Béchar), le Gourara (Timimoun), qui étaient initialement sous la coupe de l'Entreprise de gestion touristique de l'Ouest, et l'hôtel Le Caïd (Boussâada) qui faisait partie du patrimoine de l'entreprise touristique de Biskra. Quant à la chaîne El Aurassi, la société Gestour a décidé de lui rattacher trois autres hôtels également, à savoir El Boustene (Goléa), El Mahri (Ouargla) et Rym (Béni Abbès). Expliquant les motifs de cette reconfiguration, M. Louanchi indique qu'il s'agit d'une réorganisation du secteur de manière à permettre à ces hôtels du Sud ''qui sont un peu excentrés par rapport au pouvoir de décision, de pouvoir mieux être pris en charge". Ainsi, outre cette opération, d'autres unités hôtelières ont été également rattachées à l'Entreprise de gestion touristique du Centre (EGT Centre), ce sont l'hôtel Touat et l'hôtel d'Adrar dont le choix s'explique par le fait que la région où ils sont implantés s'est développée grâce essentiellement aux nouvelles activités de l'industrie pétrochimique (raffinerie Sbaâ), à la création d'un pôle universitaire et à une clientèle d'affaires qui devient de plus en plus importante, précise le même responsable. En somme, la société Gestour a engagé un plan de modernisation des hôtels du Sud pour relancer le tourisme et permettre à El Djazaïr, El Aurassi et l'EGT Centre, qui disposent de moyens humains et matériels, importants de pouvoir suivre et réorganiser la réhabilitation des unités et de les accompagner dans la relance du tourisme au Sud. "Les unités hôtelières cédées font partie d'un circuit que nous voulons redynamiser de manière à ce que les chaînes hôtelières d'El Djazair, d'El Aurassi et de l'EGT Centre puissent constituer des pôles d'excellence qui permettront de drainer les autres hôtels dans cette voie", a-t-il avancé. Ces opérations, qui ont été effectuées sans contrepartie financière, sont considérées comme un apport de l'Etat à ces trois entreprises de gestion hôtelière : "Il s'agit d'une réaffectation uniquement des attributions d'où la nécessité d'effectuer l'opération sans aucune contrepartie financière", souligne M. Louanchi. Aussi, si l'Etat a décidé de redynamiser ces hôtels du Sud, c'est parce qu'ils n'avaient pas trouvé preneur après les avoir proposés à la privatisation. "Ces hôtels ont été mis sur le marché, mais ils n'ont pas reçu d'offres en raison de l'état de vétusté dans lequel ils se trouvaient", a-t-il expliqué. D'ailleurs, ces unités hôtelières feront l'objet d'une ''grande opération de réhabilitation afin de les mettre aux normes internationales'' en bénéficiant de crédits bonifiés auprès des banques et du Trésor, a fait savoir le SG de la société Gestour, précisant qu'il s'agit d'une des mesures arrêtées par le Conseil des participations de l'Etat (CPE). S'ils seront autonomes dans leur gestion, ces établissements hôteliers du Sud vont bénéficier de l'expérience de ces chaînes hôtelières, de leurs réseaux de réservation, de l'encadrement et de la formation, indique-t-il. Le même responsable n'écarte pas l'éventualité d'appliquer cette même formule à d'autres unités hôtelières en les rattachant à de grandes entreprises de gestion hôtelière. Notons que l'investissement dans le domaine touristique a connu un saut qualitatif ces derniers temps. Le nombre d'infrastructures touristiques lancées en l'espace de deux ans fait état d'un bilan positif. Du mois de janvier 2008 au mois de janvier de l'année en cours, 420 projets d'investissement ont été engagés sur le terrain. Il s'agit de la réalisation, à travers le territoire national, d'hôtels de moyen et haut de gamme, offrant ainsi une capacité d'accueil de 38 882 lits supplémentaires. Cedi dit, l'objectif des pouvoirs publics de créer à l'horizon 2014 environ 75 000 lits, dont 42 000 lits de haut de gamme est réalisé aujourd'hui à hauteur de 52%.