Les étudiants du département d'histoire de l'université de Bouzaréah, récemment rebaptisée «Alger II», sont depuis lundi en grève illimitée. L'entrée de l'institut est d'ailleurs tout bonnement bloquée. Sur la grille, une chaîne et un cadenas ont été posés par les «mutins». Le bâtiment est vide. Tout juste un groupe d'étudiantes qui, sous le préau, tentent de s'abriter de la pluie. «Ce sont les représentants des associations estudiantines qui ont procédé à cette fermeture. Ils empêchent le personnel administratif ainsi que les professeurs d'y accéder», explique une étudiante de quatrième année. Mais quelles sont les revendications des grévistes ? «Elles sont nombreuses, mais l'une des plus importantes reste les conditions déplorables dans lesquelles nous évoluons quotidiennement !», s'exclame sa camarade en désignant d'un geste du bras la grille cadenassée. Le hall, que l'on peut apercevoir au travers de la porte en bois laissée béante, est sombre. Le sol semble recouvert de poussière. «Et encore, là vous n'avez rien vu ! Les murs sont complètements décrépis, les fenêtres sont cassées et, en plein cours, il n'est pas rare de recevoir sur la tête du plâtras qui s'effrite du plafond», raconte l'une de ces étudiantes. Une autre poursuit : «Et ce, sans parler de l'humidité et des odeurs nauséabondes.» Mais cet «état d'insalubrité» n'est pas l'unique motif de l'enclenchement de ce énième mouvement de contestation au sein de l'institut d'histoire. Les étudiants s'insurgent aussi contre la suppression, à la rentrée prochaine, du magistère sans «aucune raison valable», arguent-ils. De même, certains réclament, en vain, leurs certificats de scolarité et de succès, depuis des mois. En sus, en parallèle à ces problèmes, les grévistes se plaignent de l'enseignement prodigué au sein de l'établissement. «Depuis l'introduction du système LMD, les étudiants concernés estiment, à raison, que les emplois du temps sont hyper-chargés», insistent-elles. «D'ailleurs, ils ne sont pas les seuls à penser que ce système est un échec. L'un de nos professeurs, un Syrien, nous affirme régulièrement que le LMD a montré ses limites dans tous les pays, mais qu'en Algérie, nous n'étions que des cobayes», accusent-elles. Et il semblerait que tous ces problèmes ne sont pas près d'être résolus. «L'administration n'a même pas pris la peine de nous accorder un minimum d'attention. Pourtant, cette fois-ci, nous sommes bien décidés à continuer la grève jusqu'à satisfaction de nos revendications», assure l'une des jeunes filles. En l'absence du recteur ou d'un quelconque responsable, impossible d'infirmer ou d'affirmer ces accusations. Toutefois, le chef de cabinet du vice-recteur, après s'être enquis de la situation, confie : «L'on vient de me dire que l'institut est ouvert et que les cours sont dispensés le plus normalement du monde.» Selon lui, la faute incombe aux «associations estudiantines qui manipulent les étudiants».