Comment conjuguer prospérité économique et sécurité politique ? C'est le but auquel tendent les six pays formant le Conseil de coopération du Golfe (GCC) : Arabie Saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Koweït, Bahreïn et Oman. Paris De notre correspondant Ces monarchies pétrolières se heurtent de plus en plus à la politique nucléaire et expansionniste de leur voisin iranien. C'est le thème d'un forum organisé la semaine dernière à Paris dans le cadre du dialogue euro-arabe. Professeur en sciences politiques à l'université des Emirats, Abdulkhalek Abdullah voit en l'Iran un voisin difficile et insondable. Il craint qu'il ne précipite avec son programme nucléaire l'ensemble de la région vers une course irréversible à l'armement. «Nous considérons l'Iran comme le plus grand danger, même s'il n'est pas notre ennemi. L'Iran est un voisin difficile et opaque. Il veut s'imposer comme le gendarme de la région. C'est d'ailleurs sa politique qui précipite l'ensemble des pays du Golfe dans les bras des Américains.»Et d'ajouter : «Le Chah nous a imposé la course à l'armement dans les années soixante-dix et les Iraniens veulent revivre aujourd'hui le rêve de ce roi.» Faudrait-il alors frapper l'Iran pour détruire son programme nucléaire et faire cesser ses velléités expansionnistes régionales ? Pour l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Hervé de Charrette, la réponse est évidemment non. «Il est plus que vital de régler le problème du programme nucléaire iranien par le biais de la diplomatie. Une attaque armée comme celle qui a eu lieu contre l'Irak précipitera toute la région dans un chaos qui touchera toute la région du Grand Moyen-Orient. Et personne ne sortira gagnant. La seule solution donc reste le dialogue avec les Iraniens afin de les convaincre de renoncer à leur programme nucléaire militaire, mais aussi trouver une solution rapide au conflit israélo-palestinien», a-t-il indiqué. Idem pour Hervé Morin, ancien ministre français de la Défense.Il a plaidé pour le renforcement des sanctions économiques contre Téhéran afin de le ramener à la table des négociations. Il a aussi plaidé pour une politique européenne commune et forte vis-à-vis de l'Iran. Et de reconnaître que la stratégie de la main tendue prônée par Barak Obama n'a pas conduit aux objectifs visés. De son côté, Lady Olga, membre de la commission de défense au sein du Parlement britannique, croit toujours au dialogue avec les Perses. Pour elle, canaliser les capacités militaires iraniennes nécessite un changement total de dynamique dans la région, car selon elle, l'Europe ne peut pas être le garant éternel de la sécurité des pays du Golfe. «Il faut inviter le Yémen à faire partie du Conseil de coopération et inclure aussi l'Inde, le Pakistan dans un partenariat économique et militaire avancé, si l'on veut contrecarrer les visées exubérantes des Iraniens.» Reconnaissant que les sanctions deviennent de plus en plus inefficaces, la députée britannique estime que le changement devrait venir de l'intérieur, et ce, en tendant notamment la main aux forces progressistes et démocratiques qui vivent à l'intérieur du pays. Encore faudrait-il structurer l'opposition intérieure et extérieure autour d'un projet commun qui tourne le dos aux religieux. Pour Ali Zada, directeur de l'Institut des relations euro-iraniennes à Londres et opposant au pouvoir en place, le régime des mollahs demeure immobile et peu enclin au changement. «C'est un régime basé sur l'idéologie et tout dialogue diplomatique avec lui s'avérera infructueux.» Pourtant, la communauté internationale, à sa tête les Etats-Unis, est plus que jamais pressée de trouver un terrain d'entente avec Téhéran.Car il y va de la sécurisation d'une part, d'une région du Golfe qui vend une grande partie de son pétrole et son gaz aux Américains et d'un espace maritime appelé le détroit d'Ormuz par lequel passent quotidiennement près de 20% du pétrole produit dans le monde.