Les six monarques arabes pétroliers du Golfe tiendront, demain et lundi, leur sommet à Abou Dhabi pour conjurer les menaces qui pèsent sur eux. L'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar sont, en effet, très inquiets par ce qui se trame à leurs portes, mais également chez eux, où la grogne contre des régimes absolutistes enfle. L'Irak demeure, pour eux, la principale préoccupation et beaucoup d'analystes n'y vont pas par quatre chemins pour établir des liens entre la rébellion islamiste de Zarqaoui et des services des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Un Irak stabilisé et moderne serait à leurs yeux le pion stratégique de la théorie des dominos concocté par Washington pour faire souffler le vent de la démocratie dans la région. D'autre part, le bellicisme iranien est perçu comme étant une menace directe contre eux, ne serait-ce que pour leurs accointances avec les Etats-Unis. Les bases US parsèment les six monarchies. En outre, chez eux, rien ne va plus. L'islamisme est présent, notamment en Arabie Saoudite, qui s'est trouvée dans la situation cocasse de l'arroseur arrosé. Le wahhabisme a enfanté le terrorisme qui s'est retourné contre ses propres concepteurs. Ailleurs, les chiites ne veulent plus être les dernières roues de la charrette et des modernistes commencent à pointer du nez. Le CCG devra, au préalable, taire ses propres divergences. Depuis sa création en 1981, le CCG n'est pas parvenu à former un bloc politique et sécuritaire capable d'influencer les évènements. Les foyers de tension entre ses membres ne manquent pas. La chaîne satellitaire qatarie Al Jazira et la politique du Qatar constituent un sujet de divergence entre Riyad et Doha. Riyad a rappelé son ambassadeur à Doha en 2002 après la diffusion par Al Jazira d'un programme où les participants avaient critiqué la famille royale saoudienne. Fin juin, Riyad proteste contre un projet de pont-digue devant relier le Qatar aux Emirats au-dessus des eaux du Golfe. Le Koweït tente, depuis 2004, de régler le différend entre les deux voisins pour s'approvisionner en gaz qatari. D. B.