C'est aujourd'hui que le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, répondra aux interrogations des membres du Conseil de la nation après deux jours de débat autour de la déclaration de politique générale présentée dimanche dernier. Lors de son exposé, le Premier ministre a reconnu ouvertement que plusieurs paramètres économiques de notre pays sont au rouge ; il a regretté que la rente pétrolière soit dépensée inutilement dans l'import et a mis ainsi l'accent sur la nécessité de rationaliser les dépenses publiques. Il a évoqué, en outre, le processus de privatisation qui n'a pas été à la hauteur des aspirations de ses initiateurs eux-mêmes, comme il n'a pas omis de signaler que l'Etat mène la guerre contre la corruption, un phénomène qui fait ravage dans la société, notamment sur le plan économique. Un tel tableau nous amène à conclure que le bilan de ces dernières années est négatif et que l'Exécutif a, selon toute vraisemblance, échoué dans l'application du programme du président de la République ! Mais alors, que répondra Ouyahia aux interpellations des membres du Conseil, de différentes tendances politiques, à propos des problèmes sociaux récurrents dont souffrent les Algériens, à savoir le phénomène de la harga, la mal-vie, le chômage ? Mme Zohra Drif-Bitat, sénatrice du tiers présidentiel et vice-présidente du Conseil de la nation, s'est dite, à l'instar de plusieurs sénateurs, «étonnée» quant aux chiffres avancés par le Premier ministre, qui ne reflètent pas la réalité du terrain : «En dépit des sommes colossales que réserve l'Etat au développement, le peuple algérien n'est pas heureux et ne vit pas dans la quiétude. Pourquoi nos jeunes quittent-ils le pays dans une barque pour vendre leurs rêves sous d'autres cieux plus cléments ?» Au Conseil de la nation comme à l'APN en octobre dernier, les parlementaires n'ont pas encore compris la politique prônée par les l'Etat. «Pourquoi le gouvernement avec toutes ses institutions n'arrive pas à redonner confiance à ces jeunes algériens qui ont perdu tout espoir ?» Même si certains sénateurs ont salué les grandes réalisations, il demeure que l'organisation, selon eux, fait défaut, d'où les doutes exprimés par les parlementaires sur les chiffres donnés et les exploits ressassés par l'Exécutif. Dans leurs critiques, les sénateurs n'ont épargné aucun secteur, que ce soit l'éducation, le travail, les travaux publics ou bien la santé. Ils ont rappelé la nécessité de créer un rapprochement gouvernant-gouverné et de répondre aux besoins essentiels des citoyens.