Croisé lors de l'exposition sur l'artisanat traditionnel début décembre à Tipasa, Réda Khouane, 32 ans, est un autodidacte de la calligraphie. Il nous parle de son art en Algérie, propre au Grand Maghreb mais non reconnu par la calligraphie classique… - Comment êtes-vous arrivé à produire ces merveilles ?
C'est une coïncidence inouïe. Alors que j'avais 11 ans, je me suis aventuré dans le grenier de notre maison et j'y ai découvert du matériel de dessin en bon état. J'ai commencé à «barbouiller» au milieu de cet univers avec ces plumes métalliques, ces couleurs, ces anciennes feuilles. J'y ai aussi découvert de la calligraphie en gothique. Cela m'a envoûté. C'est le début de mon «mariage» avec cet art magnifique. Mais je suis un autodidacte, je n'ai pas étudié à l'Ecole des beaux-arts. - Etes-vous inspiré par un calligraphe de renommée internationale ? Oui, par le calligraphe irakien Hassan Massoudy qui vit à Paris. J'admire l'harmonie de ses gestes, les formes et les couleurs de ses œuvres. - Dans quelle catégorie vous classez-vous ? Je suis un calligraphe contemporain. Mon travail est aléatoire, issu d'un brassage des différents arts. Ce mélange a donné une base à ma calligraphie. J'avais découvert la calligraphie en gothique dans le grenier. Après mon initiation aux différents outils de travail, ayant davantage d'affinités avec la poésie arabe, j'ai réussi à convertir en calligraphie les proverbes, les citations en langue arabe dans un style contemporain. - Pensez-vous que cet art est apprécié, mais aussi attire le public algérien ? L'art au sens pluriel est immortel quand des hommes et des femmes ne le lâchent pas. La calligraphie en Algérie commence à susciter l'intérêt du public et des entreprises privées. Certes, il n'existe pas de galeries d'exposition pour les œuvres de calligraphie, mais un jour viendra où les calligraphes exposeront leurs affiches et leurs œuvres dans les salles. - Ressentez-vous le bonheur et l'intelligence qui se dégagent d'un message calligraphié ? Notre calligraphie est maghrébine et s'intitule «El Koufi El Maghribi». Ce style de calligraphie n'est pas reconnu par les calligraphes classiques. «El Koufi El Maghribi» est un style de calligraphie propre à l'Andalousie et aux pays du Grand Maghreb. En Algérie, il est très rare, même impossible de le croiser aujourd'hui chez les anciens calligraphes. Je travaillerai dans ce sens pour promouvoir ce bel art au sens le plus large. J'espère que d'autres calligraphes se manifesteront pour échanger les idées et les expériences.