L'ultime rendez-vous artistique entrant dans le cadre de “Alger, capitale de la culture arabe” concerne cet art profondément musulman et savant, la calligraphie arabe. Un Festival international de ce mode d'expression qui a plus de 25 siècles, s'est ouvert le 06 décembre dernier au Bastion 23, un espace qui abritera la manifestation jusqu'au 10 janvier prochain. Plus de 80 calligraphes dont certains sont venus de 11 pays arabes –d'autres sont des Algériens- prennent part à cette manifestation qui s'est ouverte avec une exposition rassemblant 200 tableaux décoratifs et calligraphiques. Parmi ces calligraphes, nous citerons Daoud Bektache, expert dans l'art de la calligraphie arabe à Eurseka, en Turquie, Youcef Denoune, Salah Chirazade, Farid El Oulay, Mouhamed El Bahirie, l'algérien résidant en Jordanie, Abd El Ghani EL Ani, Yacine Dradra, résidant à Paris, disciple d'El Ani et maîtrisant le perse, enfin Mohamed Amzil. Au menu de cette rencontre, des ateliers, des conférences consacrés aussi bien à la calligraphie arabe qu'à l'art décoratif islamique. Au terme de ce festival qui met en avant travaux, débats et discussions autour de la chose arabesque et calligraphique, il est attendu à ce qu'une union des calligraphes arabes soit créée. C'est du moins ce que souhaite Abdelhamid Iskander, le commissaire du festival qui voit en cette naissance un moyen d'unifier les efforts, dans le but de préserver la calligraphie et lui accorder davantage d'intérêt. “La calligraphie constitue un pilier essentiel des beaux-arts ” a-t-il soutenu ajoutant que la création de cette union “ sera le premier pas vers la création d'écoles privées au niveau des grandes villes du pays ”. Le commissaire qui avance le chiffre de 50 jeunes calligraphes existant chez nous, préconise l'enseignement aux jeunes amateurs des règles de base de la calligraphie. Pour Omar Affa, calligraphe marocain, la fierté et l'attachement d'une “ nation à son patrimoine représente le symbole de son identité” ajoutant que “ la calligraphie concrétise une symbolique particulière dans la civilisation islamique ”. Selon lui, la calligraphie arabe est parmi “ les plus belles et les plus souples calligraphies au monde avec une capacité illimitée à se développer ”. Un art qui, pour lui, obéit avant tout à différentes étapes de la création, en passant du dessin jusqu'aux symboles et lettres représentant les différents sons, sachant que le développement de la calligraphie a nécessité plusieurs siècles. Pour certains scientifiques, l'origine des lettres de la calligraphie arabe, révèle que les Arabes se sont inspirés de la calligraphie des Nabatéens installés au nord de la péninsule arabe (Palestine, sud de la Syrie et l'ouest de la Jordanie). A partir de la calligraphie nabatéenne où les lettres sont liées pour former le mot, la calligraphie arabe a, au fil du temps, connu plusieurs transformations pour devenir celle utilisée à l'ère musulmane et connue sous l'appellation de “ calligraphie Hedjazie ”. Cependant, les prémices de la calligraphie maghrébine ont vu le jour au niveau de trois écoles, à savoir : les écoles africaine, andalouse et maghrébine. Avec le temps, la calligraphie a pris les caractéristiques locales et civilisationnelles de chaque région du Maghreb, donnant naissance à d'autres calligraphies connues aujourd'hui sous le nom de calligraphie koufie, maghrébine, calligraphie du tiers maghrébin, el-Mabsout , el-Moudjaouher, el-Mousnid et el-Zimami. En un mot, les professionnels ont, tour à tour, insisté sur la nécessité de développer cet art, qui fait partie d'une grille de lecture de 25 siècles de l'histoire d'une civilisation.