Expression n Un hommage au talent novateur de Mohamed Khadda, un peintre contemporain majeur, a été rendu, hier, à travers une exposition. Ayant pour titre : «L'itinéraire de Mohamed Khadda vers la modernité», l'exposition, qui se tient à l'Ecole supérieure des beaux-arts, comprend près d'une trentaine de peintures à l'huile, d'aquarelles et de gravures. Ces œuvres, montrant toutes l'immense talent de l'artiste et s'étalant sur ses différentes périodes artistiques, font partie de la collection familiale. En marge de l'exposition, l'universitaire Nadjet Khadda a retracé, lors d'une conférence, le parcours de son défunt époux et les différentes étapes de sa vie, comme elle a relevé que Mohamed Khadda se montrait pertinent dans son travail dans la mesure où il recréait l'art. «Il avait un imaginaire personnel. C'était un autodidacte comme l'ensemble des artistes de sa génération.» «Une fois installé en France, entre les années 50 et 60, l'artiste avait découvert d'autres styles, comme la calligraphie, ce qui lui a permis de créer un brassage entre la symbolique des signes berbères, utilisés notamment dans l'artisanat, et la calligraphie qui traverse le monde musulman», a-t-elle expliqué, et d'indiquer : «Mohamed Khadda avait eu un usage très spontané et libre de la calligraphie.»Nadjet Khadda a, toutefois, précisé qu'il avait pris des cours par correspondance, et ce, pour «s'initier, s'entraîner et acquérir les techniques de base en vue de développer son art». Elle a fait savoir que l'artiste, qui faisait preuve d'ouverture d'esprit, faisait de l'art algérien. «Il développait une culture ancrée dans le terroir, il renouait avec sa mémoire et ses traditions culturelles sans régression et sans rester dans le folklore.» Cela revient à dire qu'il était moderne dans son approche de l'art, d'où d'ailleurs la particularité de son œuvre. Celle-ci résidait dans sa conception et l'approche qu'avait l'artiste de l'art, c'est-à-dire que toute son œuvre est habitée par un esprit contemporain et s'inscrit dans le renouveau. A travers son art, Mohamed Khadda décrivait et représentait l'Algérie, tout en étant ouvert aux autres cultures. La conférencière a, en outre, fait savoir que «Mohamed Khadda, à ses débuts, avait commencé par peindre la nature, dans une démarche totalement mimétique. Son imaginaire était marqué par le paysage. Il avait l'obsession de l'olivier qui est, pour lui, un élément emblématique du paysage méditerranéen, maghrébin et surtout algérien.»Selon l'universitaire, Mohamed Khadda avait estimé, plus tard, qu'il ne servait à rien de reproduire la nature mais qu'il fallait rendre le sentiment qu'elle nous suggère. Ainsi, Mohamed Khadda mettait en exergue la beauté et la grandeur de la nature, et ce, «dans un style propre et constitué d'éléments non figuratifs rehaussés de signes créés». La conférencière a, en outre, affirmé que l'artiste avait fini par se détourner du figuratif, car, a-t-elle expliqué, «la représentation réaliste devient trop étriquée pour lui». Mohamed Khadda s'était mis aussitôt à la non-figuration. Et pour finir, Nadjet Khadda a confié que l'artiste était nationaliste et militant, mais contre l'engagement dans l'art. «Il pensait que l'art pouvait se suffire à lui-même.»