Une rencontre de taille modeste, mais riche d'animations, de découvertes et d'échanges. C 'est par la visite d'une merveilleuse exposition d'une trentaine de planches qu'a débuté, samedi 11 décembre, la manifestation «La BD en fête», organisée à Oran, par le Centre culturel français. Au programme, des conférences, des tables rondes, des projections et des ateliers de création, d'édition et de distribution de la BD. Durant une dizaine de jours, les bédéistes et les amoureux des bulles s'en sont donné à cœur joie. Les enfants de plus de onze ans et les adultes attirés par la BD ont été privilégiés, puisque les ateliers organisés durant toutes les journées ont fait connaître le b.a.-ba de la BD par le biais de la manipulation et des projections. Un ciné-goûter a permis la projection du Petit Nicolas, film récent de Laurent Tirard, avec Kad Merad et Valérie Lemercier, adapté à l'écran à partir des personnages créés par René Gosciny et Jean-Jacques Sempe. Ainsi que l'affirmait Dalila Nadjem, commissaire du festival international de la BD d'Alger «le transfert d'un art vers un autre multiplie les supports et offre différentes entrées à la pensée, une plus grande circulation des idées.» Il a été question, aussi bien de la BD française depuis ses origines que de la BD algérienne de 1969 à 2009. C'est Murielle Bidault, conseillère pédagogique au Cavilam (Centre d'approche des langues vivantes et des médias à Vichy), en France, qui a donné le coup d'envoi de la manifestation avec une première conférence illustrée intitulée «Histoire de la bande dessinée francophone des origines à nos jours». Parmi les autres conférenciers conviés à ce premier rendez-vous de la BD, Lazhari Labter, qui a présenté son merveilleux ouvrage Panorama de la BD algérienne de 1969 à 2009. Mercredi 22, c'était au tour de Dounia Mimouni de montrer comment la bande dessinée algérienne s'est inspirée, à différents degrés, de la bande dessinée étrangère pour se construire. «On a ainsi des auteurs qui restent dans la reproduction d'œuvres d'autres bédéistes, alors que d'autres l'adaptent au contexte algérien, apportant une touche spécifique qui renvoie à leur culture d'origine», dira-t-elle en substance. On regrette cependant à ce dialogue en bulles l'absence de grands noms de la BD algérienne (Slim, Haroun, Assari, alias Red, Kamel Khelif…) ou française, suisse et belge (Maximilien le Roy, David Boller, Cosey, Jacques Ferrandez, Albert Drandov…). L'Algérie, longtemps considérée comme pionnière au Maghreb, en Afrique et dans le monde arabe, peine aujourd'hui à maintenir le cap, au regard de la régression qui a affecté, ces dernières années, l'expression artistique. Mais, par la force des choses, la BD est appelée à s'imposer, même si les écueils demeurent nombreux. Art du siècle, elle est le trait d'union entre les différentes cultures, en même temps qu'un excellent moyen d'ouverture de l'esprit. Le cinéma, la vidéo et la télé la courtisent. Art générateur d'intertextualité, la BD s'est aussi bien imposée dans la pédagogie de la formation et de l'emploi que dans le domaine de l'édition et de la communication. Lors de la clôture, l'annonce a été faite de poursuivre cette activité durant la prochaine année, en faisant participer quelques grands noms de la BD.