La rue principale de la ville de Dellys était, hier, bondée d'hommes et de femmes vaquant à leurs occupations. Autour du tribunal et de l'hôpital s'animait une vie libérée du poids de l'intégrisme qui a longtemps étouffé cette région. «Il y a des signes manifestes que Dellys a changé. Il y a quelques années, on ne voyait jamais de filles non voilées dans la rue. Maintenant, comme vous pouvez le constater, la ville affiche quand même un air décontracté», nous dit un habitant d'un certain âge. Un visiteur ordinaire ne se serait jamais douté que quelques dizaines de mètres plus bas, du côté de la mer, était menée l'une des plus importantes opérations antiterroristes que la cité ait connues. Des centaines d'éléments de l'ANP, de la gendarmerie et de la police sont en fait mobilisés depuis vendredi dernier contre un groupe terroriste qui a pris refuge dans une habitation abandonnée. L'assaut final devait être donné d'un moment à l'autre. Nous empruntons la ruelle longeant le tribunal pour descendre vers Leqhaoui, un quartier bouclé depuis deux jours. Le nombre de terroristes qui se sont retirés dans ce quartier n'est pas connu et personne ne pouvait hier nous donner la moindre information supplémentaire. En l'absence de communication des officiels, ce sont les supputations et la rumeur qui ont pris le dessus. Sauf pour les choses visibles aux passants ou aux habitants. «Les coups de feu ont cessé depuis hier (samedi ndlr) vers midi et les forces de sécurité sont toujours là à guetter le moindre mouvement dans la propriété encerclée. C'est une vieille habitation inoccupée, avec un jardin quelque peu spacieux», nous affirme un jeune que nous avons rencontré à quelques dizaines de mètres seulement de cette institution judiciaire. Un peu plus loin, des militaires veillent au grain. «Vous ferez mieux de rebrousser chemin, il n'y a rien à voir ici. C'est une zone d'opérations interdite d'accès aux non-résidants», nous dit un militaire chargé de filtrer le passage. Les habitants disent ne rien savoir d'assez particulier de ce qui se passe dans le quartier. «Par mesure de sécurité, on leur a conseillé de rester chez eux. Mais beaucoup se retrouvent dans la nécessité absolue de sortir. Aujourd'hui, ils sont plus nombreux qu'hier à sortir pour faire leurs courses», ajoute un commerçant du coin. Un jeune du quartier prétend qu'il y aurait une importante casemate dans le jardin de ladite habitation. «Les forces de sécurité sont postées tout autour de la demeure et on a utilisé un bulldozer pour balayer les environs», nous dit notre interlocuteur. Lorsque nous quittons Dellys, les forces de sécurité n'ont pas encore donné l'assaut final contre le lieu où se sont retranchés les terroristes. En fin de journée, on n'était pas encore passé à l'offensive. Pour rappel, un échange de coups de feu entre les forces de sécurité et les terroristes retranchés dans cette habitation avait fait un mort et 4 blessés dans les rangs de l'armée et de la police, samedi dernier au lever du jour. Hier, les véhicules blindés de l'ANP étaient encore positionnés dans différents endroits du quartier et une ambulance de la Protection civile était stationnée à proximité du tribunal. «L'assaut doit être imminent, car nous constatons que l'armée rétrécit de plus en plus le cercle autour de l'habitation ciblée», ajoute un commerçant du coin.