Dellys et ses communes limitrophes ont été les villes les plus oubliées du séisme de mercredi dernier. Très peu médiatisées et sans la présence des pouvoirs publics, ces villes n'ont dû compter que sur la disponibilité et l'abnégation des populations locales pour limiter les conséquences de la secousse tellurique. Partout, dans l'ensemble des localités de Dellys, les citoyens, qui s'étonnent de l'ampleur des dégâts engendrés par le séisme, critiquent vertement l'absence des autorités officielles. Que ce soit à Sidi-Daoud, chef-lieu de Dellys, ou encore dans ses localités environnantes, le verdict populaire a été le même et sans équivoque : “Personne n'est venu s'enquérir de notre situation. Ni maire, ni wali, ni ministre, ni gouvernement, ni président de la République.” Le chef de daïra a dû vérifier à ses dépens cette absence des pouvoirs publics des régions de la ville de Dellys où le bilan provisoire est de 160 morts et plus de 200 blessés. Son apparition, hier, au cinquième jour de la tragédie, dans la cité des 92-Logements des Jardins de Dellys a été accueillie par des “insultes et des jets de pierres”, témoigne la population de ce quartier. “Le chef de daïra est venu, disent-ils, à minuit, en survêtement, très décontracté, nous voir sans rien ramener avec lui pour nous aider”. “Il pensait pouvoir rentrer le plus normalement du monde dans notre cité”, s'indignent les jeunes du quartier avant de trancher net : “Il ne rentrera pas chez nous !” Même topo à la nouvelle-ville de Dellys, où un responsable de l'organisation de l'acheminement des dons a souligné non sans peine : “Je me rends compte pour la première fois de ma vie qu'on n'a pas d'Etat.” Mais, il nuancera en affirmant : “On sait que les élus ne peuvent rien faire puisque ce ne sont pas eux qui mobilisent les moyens pour les aides et les secours, mais ce sont bien les walis et le gouvernement. Mais, le fait est que nous nous sentons complètement abandonnés.” C'est, en définitive, la population, accompagnée des éléments de l'Armée nationale populaire (ANP) et des agents de la Protection civile qui se sont organisés, avec les moyens du bord, pour minimiser les dégâts. D'ailleurs, les populations sinistrées le reconnaissent amplement. “N'était la mobilisation des citoyens, la catastrophe aurait été amplement plus importante”, témoignent-elles. Les citoyens en secouristes Les secouristes ont brillé par leur absence à Dellys et dans ses communes environnantes. Ce sont les citoyens qui ont dû retrousser leurs manches pour agir dans l'urgence et secourir ce qui pouvait être secouru. Sinon “il n'y a pas eu de secouristes”, attestent des citoyens de ces régions et notamment ceux du quartier Outiza, non loin du chef-lieu de la ville de Dellys, où 48 logements ont été littéralement détruits par le séisme. Les sinistrés de Dellys manquent de tentes La quasi-totalité des sinistrés de Dellys passent, au cinquième jour du séisme, leur nuit à la belle étoile. Sans tentes, ils ont dû, en effet, improviser des abris de fortune. Aussi bien à Sidi-Daoud, au quartier Outiza, à la cité des 92-Logements, à la cité CNEP ou encore à la nouvelle-ville de Dellys, le manque, voire l'absence des tentes a été fortement décriée par les populations. La commune de Sidi-Daoud, qui a enregistré l'effondrement de près de 400 habitations, ne s'est vu accréditer que de 17 tentes jusqu'à hier. “C'est très insuffisant, indique Hamitouche Hocine, le secrétaire général de l'APC. La nouvelle-ville, quant à elle, qui a subi d'importants dégâts, n'a reçu que 18 tentes, pour une population de 80 familles.” “Il y a 25 à 58 personnes dans une seule tente”, dira un citoyen. Par ailleurs, l'ensemble des populations sinistrées rencontrées hier n'ont pas manqué de souligner l'importance des aides humanitaires qui leur sont parvenues de plusieurs wilayas du pays, “mais plus particulièrement de l'ensemble des localités de Tizi Ouzou”. Dans ce cadre, des citoyens témoignent que “les archs se sont particulièrement impliqués des les opérations d'aide”. N. M.