A l'exception du RCD qui a voté contre, le reste des formations politiques siégeant à l'Assemblée, a approuvé hier le projet de loi relative à la cinématographie. Les députés ont voté 11 propositions d'amendement et introduit de nouveaux articles parmi les 20 proposés. Avant l'adoption du texte, le président de la commission, membre du RCD, a, lors de la lecture du rapport final de la commission, critiqué le contenu du projet, ce qui n'a pas été du goût des autres partis qui ont contesté en frappant sur les pupitres. «Les membres de la commission et son président n'ont pas le droit d'intervenir lors des débats ni d'émettre un avis personnel ou celui de leur parti. Un président d'une commission doit lire le rapport de la commission composé de différents partis», a soutenu un élu du RND. Le président de l'APN est intervenu pour calmer les esprits, tout en invitant les perturbateurs à assumer leurs responsabilités : «Vous avez accepté qu'un parti de l'opposition soit à la tête de la commission culture, alors assumez», a-t-il lancé. Ce texte de loi prévoit, entre autres, la réhabilitation des salles de cinéma, l'instauration d'une taxe sur les recettes publicitaires, le subventionnement par l'Etat des sociétés de production ainsi que l'imprimatur du gouvernement sur les productions cinématographiques touchant à la Révolution algérienne. Hier, dans son intervention, Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, a défendu son projet tout en précisant, afin de lever tout ambiguïté, qu'étant le pourvoyeur de l'argent, l'Etat algérien a le droit de contrôler les produits cinématographiques. S'agissant du refus du parti de Saïd Sadi de cautionner ce projet, le groupe parlementaire du RCD justifie ce rejet par le fait que ce nouveau projet de loi est archaïque et liberticide. Il fustige Khalida Toumi, estimant, après l'analyse du projet, que celui-ci confirme la régression qui affecte ce secteur et le marasme qui caractérise sa gestion. De l'avis des élus de l'opposition, le département de Khalida Toumi se singularise en matière de cinéma, depuis quelques années, par la création pléthorique de structures budgétaires stériles. «Carthage et Marrakech sont devenus des lieux incontournables du cinéma méditerranéen ; Ouarzazate s'impose comme l'un des sites majeurs de l'industrie cinématographique… Pendant que nos voisins créent et pérennisent festivals et autres pôles d'excellence, le pouvoir algérien informe l'Assemblée de sa volonté de soumettre à l'imprimatur le moindre scénario», déplore le RCD. Les députés du RCD pensent que les scandales financiers dénoncés en vain par les cadres du secteur de la culture, les sanctions iniques qui frappent les plus vertueux d'entre eux et les promotions scabreuses qui profitent aux plus serviles ont «transformé le secteur officiel de la culture algérienne en un pitoyable comité de campagne électorale permanent dédié à la gloire du chef éternel».