L'histoire devient-elle un nouveau fonds de commerce pour les partis de l'Alliance présidentielle ? Décidément c'est le cas. La question mobilise plus les Algériens et les responsables de la coalition au gouvernement veulent, semble-t-il, en profiter en prévision des échéances électorales de 2012. Après avoir tué, dans l'œuf, une proposition de loi incriminant le colonialisme français (1930-1962) élaborée par des parlementaires, l'Alliance présidentielle (FLN, RND et MSP) s'apprête à piloter une nouvelle action visant à défendre la «mémoire nationale». Les trois partis annoncent l'organisation, le 19 mars 2011, d'une conférence nationale des cadres pour la préparation du cinquantenaire de l'indépendance devant être célébré en 2012. Une conférence dont les objectifs sont encore flous. Pourquoi organiser une conférence sur le colonialisme, alors que le gouvernement, composé essentiellement des cadres des partis de l'Alliance présidentielle, avait rejeté, sans arguments clairs et valables, une initiative des députés ? Les trois partis veulent-ils tirer encore profit en jouant sur la fibre nationaliste ? D'abord, il faut signaler que deux formations sur les trois partis formant l'Alliance présidentielle ne maîtrisent pas les enjeux de cette conférence. Il s'agit du RND et du MSP. Ces deux formations s'engagent à prendre part à cette conférence sans connaître ses objectifs. Du moins, ils n'ont pas la même conception de cette conférence que leurs partenaires du FLN. «Les trois chefs de l'Alliance doivent se réunir durant la première quinzaine du mois de janvier prochain pour définir le but de cette conférence. Je pense que cette conférence débouchera sur la création du comité de sauvegarde de la mémoire», affirme une source proche du RND. Le MSP, lui aussi, ne maîtrise pas la question. «On va se réunir prochainement pour préparer cette conférence», explique Mohamed Djemaâ, chargé de communication du MSP. Selon lui, le fait d'élargir le débat sur la question du colonialisme «est une bonne initiative». Pour le FLN, cette conférence tentera de préparer d'abord le cinquantenaire de l'indépendance prévu en juillet 2012. «Nous n'avons même pas d'institutions algériennes spécialisées de la France. C'est pourquoi la réponse à la loi française du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme est arrivée très en retard. Nous avons beaucoup à faire dans ce domaine et cette conférence peut contribuer à l'entretien de la mémoire nationale», explique Kassa Aïssi, chargé de communication du FLN. Selon lui, il faut préparer encore la réponse à un nouveau projet de loi en France visant à condamner le FLN-ALN pour «des faits commis après le cessez-le feu».