Economiste de 63 ans, Dilma Rousseff, première femme présidente du Brésil, s'est engagée à poursuivre la politique de son prédécesseur Lula Da Silva. Le Brésil est désormais présidé par une femme. Une première de son histoire, mais une troisième dans l'histoire récente de l'Amérique latine. Brillante économiste de 63 ans, fille d'un immigré bulgare, elle vient ainsi rejoindre le cercle très fermé des femmes de pouvoir de l'Amérique latine. Avant elle, Michelle Bachelet avait présidé aux destinées du Chili de 2006 à 2010. L'Argentine est présidée par une femme, Crisitina Fernandez de Kirchner, depuis 2007. Dilma Rousseff, qui a succédé au président sortant Luiz Inacio Lula da Silva, a été investie samedi présidente de la 8e puissance mondiale. Elle a prêté serment devant le Congrès en présence d'une trentaine de personnalités étrangères, dont l'ancien président des Etats-Unis Bill Clinton, sa femme, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, le ministre de la Défense français Alain Juppé, le Premier ministre du Portugal, José Socrates et le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas. Elle était arrivée quelques instants plus tôt, escortée pour la première fois par six femmes des services de sécurité. Des milliers de ses partisans étaient rassemblés devant le palais présidentiel pour l'ovationner à son arrivée. Lula Da Silva, son désormais prédécesseur, était tout souriant et fier d'avoir réussi à transmettre le pouvoir à une femme, et quelle femme ! Celle que lui-même a choisie et parrainée. Revêtue d'un sobre tailleur blanc, Dilma Rousseff a reçu de ses mains l'écharpe présidentielle verte et jaune aux couleurs du Brésil. Si Lula quitte officiellement le pouvoir, il garde tout de même une grande influence sur le gouvernement, qui reste en partie inchangé. Comme d'ailleurs le cabinet présidentiel dont huit membres ont été maintenus. La nouveauté, c'est que le premier gouvernement de Dilma Rousseff comporte neuf femmes, soit le plus important nombre de femmes que le Brésil ait jamais connu. En outre, les 37 membres du cabinet gouvernemental brésilien ont pris leurs fonctions samedi lors d'une cérémonie tenue dans le Palais du Planalto, à Brasilia. Elue présidente de la République au second tour, avec 56% des voix contre 44% à son rival social-démocrate José Serra, Dilma Rousseff s'est donné pour priorité d'«éradiquer la pauvreté extrême» dans son premier discours devant le Congrès. «La lutte la plus obstinée de mon gouvernement sera d'éradiquer la pauvreté extrême qui touche encore 18 millions de personnes dans la huitième économie mondiale.» Elle a souligné qu'il s'agissait d'un «engagement» qui devait être pris par toute la société brésilienne. La nouvelle présidente a aussi mentionné comme priorités de son gouvernement l'éducation, la santé et la sécurité. Dilma Rousseff s'est engagée à combattre la violence dans le pays qui accueillera la Coupe du monde de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016. Elle a promis un combat sans trêve au crime organisé et la présence de l'Etat dans les régions les plus touchées par la criminalité et le trafic de drogue. Elle a dit que les récentes opérations policières contre les narcotrafiquants à Rio serviraient d'exemple. L'Etat de Rio de Janeiro a montré à quel point l'action coordonnée des forces de sécurité est importante pour résoudre la violence, a-t-elle précisé. Dilma Rousseff a, pour ainsi dire, du pain sur la planche si elle veut laisser la même impression que son prédécesseur qui, après huit ans au pouvoir, conserve intacte sa cote de popularité.