Au bout de la route principale qui traverse Tajmout, le centre fait office de marché hebdomadaire pour dire qu'en dépit de douze siècles d'existence, le vieux ksar atteint à peine les proportions d'un grand village. Cependant, en plus du jardin public, piscine, logements récemment repeints et autres réalisations semblent attester de l'amélioration des choses. Au sud de ce village, où persistent des terrains, autant de poches foncières à urbaniser, s'étirent en forme de croissant une multitude de vergers luxuriants où grenadiers, amandiers, palmiers et oliviers s'entremêlent, bercés par le ruissellement d'une seguia récemment refaite, c'est le wakf qui continue de gérer la répartition des eaux, selon un système ancestral. C'est à l'abondance des récoltes que le vieux ksar, par lequel passe le parcours des Larbaâ, doit sa vocation agropastorale. Les futurs élus savent mieux que d'autres qu'au lendemain des partielles, ils seront particulièrement interpellés sur les questions y affairant, d'autant plus que la commune est concernée par une enquête sur 450 ha et sur la manière dont est gérée la ferme pilote qui s'y trouve. S'agissant des élections, seul un affichage sauvage sur les poteaux électriques et devantures de magasin rappelle l'événement. Hormis le RND, auteur d'une campagne soutenue, et le FLN, qui a dépêché un cadre national en la personne de Abdelkrim Abada, la campagne électorale à Tajmout ne semble pas emballer beaucoup de personnes. Les deux partis sont les seuls à avoir animer des meetings avec plus de 500 personnes. Rassurés par l'engagement de l'administration à sévir contre toute tentative de fraude, les responsables du RND déclarent faire confiance à la justice, allusion faite aux décisions prises, et n'hésiteraient pas à demander l'annulation du scrutin en cas de fraude. Leurs propos se fondent sur le fait que la tête de liste FLN, en sa qualité de secrétaire général de la commune, représentant davantage l'administration que le FLN. Pour preuve, ils soulignent la participation de militants de la kasma FLN aux meetings animés par le RND. Craintes La réponse du FLN est venue de la bouche de Abdelkrim Abada, seul personnalité à s'être déplacée dans cette commune. « Desservis que nous étions par un pluralisme précipité, nous revenons en force. Nous sommes là pour marquer notre soutien et notre confiance à une liste de candidats expérimentés, décidés à œuvrer dans la continuité », déclare-t-il, avant d'ajouter que le FLN « n'est pas le parti de la fraude ». Au sortir d'un meeting organisé par le RND vendredi dernier, des jeunes munis de tambours ont improvisé une marche vers le meeting du candidat RND, où s'étaient regroupé plusieurs supporters. L'un d'entre eux, pour tempérer les ardeurs, dira : « Les meetings ne permettent pas d'anticiper sur les intentions de vote. » En effet, connaissant l'importance du facteur tribal et celui de l'analphabétisme, les chances du candidat RND sont à relativiser au regard du fait que quatre têtes de liste (RND, FLN, MSP et Ahd 54) sont issus de la tribu de Ouled Sidi Attalah, la plus importante de par le nombre. Parallèlement à la campagne électorale, ce sont les chefs des familles nomades qui sont les plus sollicités par les « faiseurs de rois ». L'enjeu : près de 500 voix que compte le seul bureau itinérant, voix qu'il faudra chercher auprès des populations disséminées du parcours des Larbaâ et ce jusqu'aux limites territoriales avec Tiaret. Alors que se dissipent les appréhensions de fraude, les craintes sont fixées désormais sur les procédés jugés déloyaux ; entre autres, gratuité de hammam, dons, distributions de portables, porte-à-porte, etc. Tout cela pour dire que le pouvoir local reste un enjeu important quoi que disent ceux qui comme Jelloul préfèrent se retirer loin du village, derrière les remparts du vieux ksar. « L'annulation des dernières élections a le mérite d'épargner au village la fitna du koursi, le feuilleton des retraits de confiance, protestation... », soutient-il.