Les vols de motos se sont multipliés de façon alarmante à Ghardaïa, ville où les propriétaires se sentent menacés par des bandes qui les escamotent en plein jour pour ensuite s'évaporer dans la nature. L'audace et l'impunité ont poussé les voleurs à commettre leurs forfaits dans les endroits censés être les plus sécurisés de la ville, telle que la cour de justice de Ghardaïa qui a enregistré, il y a quelque temps, l'incident le plus marquant et non élucidé à ce jour, malgré l'existence de caméras de surveillance. Les témoignages sont nombreux et les conclusions identiques : il y a bien une mafia des motocyclettes, dans la capitale du M'zab, qui opère depuis 2009, et tout semble indiquer que cette organisation est très performante puisque aucune des motos volées n'a été retrouvée malgré l'arrestation d'un gang de trois malfaiteurs lors du mois de Ramadhan. Cette arrestation, mettant en cause un voleur originaire de Ouargla et deux Ghardaouis, laisse penser à une organisation interwilayas, l'instruction étant en cours, il faudra attendre le procès pour en connaître les résultats. Cette arrestation a tout de même modéré la tendance, mais les vols ont fini par reprendre avec force durant l'hiver relançant ainsi le débat sur ce problème. Selon nos sources, tout a commencé par des vols de petites cylindrées telles que les Peugeot 103 dont les chaînes antivols étaient cisaillées à la pince par les cambrioleurs, ce qui a poussé les propriétaires à redoubler de vigilance, mais c'était sans compter sur la détermination des malfrats. Malgré les multiples plaintes de vol déposées auprès des services de sûreté, le phénomène monte crescendo, tant et si bien que le nombre de motos volées avoisinerait les 400, d'après nos échos. Les vols s'effectuent désormais en pick-up pour mieux appréhender les grosses cylindrées, telles que les Honor, Lifan et Sanya très en vogue à Ghardaïa et très convoitées puisque leur prix avoisine les 12 millions de centimes. Mohamed, victime d'un vol, témoigne de la vitesse incroyable de la bande à la Toyota bâchée qui sillonne Ghardaïa munie de portables afin de localiser les proies potentielles : «Je savais que les motos étaient ciblées à Ghardaïa, et je pensais être malin, mais j'étais apparemment prédestiné à ce vol, puisque tout s'est pratiquement passé sous mes yeux sans que je ne puisse réagir.» Et d'ajouter : «J'étais dans une boutique de pièces détachées et je gardais un œil sur ma moto, mais à peine ma pièce achetée que ma bécane avait disparu». Un ratissage à quatre, quelques minutes après le vol, n'a nullement permis de retrouver les voleurs, sans doute cachés dans un garage du coin. Des cas similaires sont enregistrés au quotidien, et les citoyens déplorent le manque d'efficacité des services de police malgré la persistance du phénomène. Tout en réclamant un quadrillage dissuasif de la ville et des opérations coups-de-poings dans les grands garages suspectés de recel, car les enquêtes effectuées n'ont permis de récupérer aucune des motos volées, l'alternative citoyenne mise en place pour l'heure est la surveillance collective pour mettre la main sur les bandits en flagrant délit.