Un mouvement de panique s'est emparé du centre-ville d'Oran, hier dans l'après-midi, suite à la propagation d'une information selon laquelle des émeutiers venant de la périphérie allaient envahir cette partie de l'agglomération qui concentre le gros du trafic. Des incidents ont été signalés à El Hamri (pneus brûlés) et à Petit Lac (avec une route barrée par des branchages et des pneus enflammés également) mais c'est la rumeur qui a amplifié le phénomène, créant une véritable frayeur chez les automobilistes qui ont, pour la circonstance, aggravé les embouteillages déjà denses en temps normal. En l'espace de quelques minutes, les voitures ont presque déserté le centre-ville. Les commerçants ont, pour la majorité, baissé rideau. D'autres ont continué à travailler à portes fermées ou à moitié, guettant la moindre bruit. Les lycéens sont sortis plus tôt que prévu et quelques uns ont rejoint les riverains qui se sont amassés sur les trottoirs et les places publiques. Une véritable tension a régné au quartier Saint Pierre, en plein cœur de la ville, qui avait, lors des émeutes liées à la relégation du club de football MCO, enregistré d'importants accrochages avec les forces de l'ordre. Vers 18h, les curieux étaient moins nombreux mais la tension persistait. Des jeunes dans la rue contre la cherté de la vie Hier, vers 15h30, des jeunes d'El Hamri sont sortis dans la rue. Ils ont investi le boulevard des Martyrs, appelé aussi boulevard de «la faïence». La fumée provenant des pneus incendiés au milieu de la route était visible à plusieurs centaines de mètres, ce qui dissuadait tout automobiliste d'avancer. Des jeunes criaient leur ras-le-bol d'une vie qu'ils qualifient d'insupportable et qui va de mal en pis. «On est chômeurs, mal logés et voilà qu'on nous ajoute la cherté de la vie», lançaient les protestataires. D'autres scandaient «halte à la cherté de la vie». Un citoyen nous a déclaré : «Les prix des produits alimentaires de base flambent et on parle d'une pénurie de farine. Dans quelques jours, on ne trouvera même pas le pain.» Selon nos sources, la première étincelle de protestation était partie, la veille, du quartier des Planteurs. En fait, dans la soirée de mardi, des habitants de ce quartier sont sortis dans la rue pour protester contre la cherté de la vie et leurs conditions d'habitat. Pour ce qui est des évènements d'hier, ils ont commencé, dit-on, au quartier Bastille où les policiers sont, selon des sources, intervenus pour disperser les protestataires. Dans d'autres quartiers de la ville, les policiers ont bouclé les périmètres occupés par les manifestants et n'ont répondu à aucune provocation. Selon les services de sécurité, «la situation a été maîtrisée, le calme est revenu en fin d'après-midi dans tous les quartiers de la ville et aucune arrestation n'a été enregistrée».