Soixante-dix consultations au niveau des UMC d'Oran et une quarantaine au niveau de la polyclinique Jean-Craft. Alors que le match entre l'Algérie et le Liberia vivait ses derniers moments, les Oranais, eux, allaient connaître les premières minutes d'une éprouvante et stressante nuit. Le tremblement de terre d'une magnitude de 5,5 sur l'échelle de Richter, qui a frappé Oran à 21h02, a été ressenti dans plusieurs villes de l'Ouest, particulièrement à Tlemcen, à Mostaganem et à Aïn Témouchent. Mais l'épicentre, proche de quelque 30 kilomètres au nord-ouest des côtes oranaises, a propagé avec ses ondes une terreur indescriptible parmi la population locale. Paralysés, les premiers instants du séisme, les Oranais, spécialement les locataires des derniers étages, ont repris leurs esprits pour débouler dans les escaliers avec femmes et enfants. La panique s'est généralisée à tous les quartiers de la ville, plus particulièrement ceux étiquetés “vieux bâti”, et même les bâtiments érigés aux normes antisismiques ont été désertés en l'espace d'une poignée de minutes. C'est dire la confiance qui habite les Oranais, eux qui ont toujours à l'esprit le dernier séisme en date qui a frappé leurs murs. Côté bilan, la Protection civile fait état de 12 blessés enregistrés dus notamment aux bousculades devant les immeubles. Les autres interventions ont concerné des personnes en état de choc dont l'âge varie entre 6 et 60 ans. Les éléments de la Protection civile sont toujours à la recherche d'un pêcheur à la ligne surpris dans un glissement de terrain au niveau de Cueva del Acua, Covalawa pour les autochtones, et porté disparu depuis. On parle même d'un jeune qui, sous l'effet de la panique, se serait jeté du deuxième étage dans le quartier de Bel-Air. Des effondrements partiels de balcons et de plafonds ont été également signalés à Saint-Antoine, Plateau-Saint-Michel, El-Hamri ou encore à Sid El-Houari, du côté de la pêcherie. La nuit fut longue et les Oranais, maintenant habitués aux mouvements de la terre, sont restés à la belle étoile attendant et redoutant les répliques. Des familles se sont réfugiées chez des proches habitant des villas ou des maisons de maîtres réputées comme plus solides en cas de séisme de forte intensité. Malik fait partie de cette catégorie et il avoue volontiers avoir une peur panique des secousses telluriques. “C'est la deuxième fois que je passe la nuit dans la villa de mes beaux-parents, chose que je n'ai jamais faite auparavant, tout cela à cause du séisme”, dit-il. D'autres préfèrent passer le reste de la nuit dans leur véhicule. Plus fatalistes, des gens ont refusé de sortir de chez eux s'en remettant à la volonté divine. Mais les cas de panique les plus notables ont été enregistrés au niveau des quartiers privés d'électricité au moment de la secousse, comme ce fut le cas pour le centre-ville ou encore dans certains immeubles de la cité Akid-Lotfi. Puis, ce fut le tour des portables d'entrer en action pour s'enquérir des nouvelles. Dans chaque main, un téléphone muet pour la circonstance parce que les appels ne passaient plus faute d'un réseau. Quant aux répliques, elles ont été au nombre de onze, selon des données du Centre sismologique euro-méditerranéen de Strasbourg. Les magnitudes de ces répliques varient entre 3,2 et 4 degrés sur l'échelle de Richter. La dernière réplique, d'une magnitude de 3,7 degrés, a été enregistrée hier à 8h24. Par ailleurs, une opération de reconnaissance du vieux bâti a été entamée au lendemain du tremblement de terre pour situer les éventuels dégâts matériels. À rappeler que l'Opgi avait recensé, en 2005 dans la ville d'Oran, près de 1 990 constructions classées vieux bâti, qui ont bénéficié de deux opérations de réhabilitation. La première pilotée par la Direction de l'urbanisme et de la construction (DUC) et le Centre de contrôle technique de la construction (CTC), et la deuxième, dotée d'une enveloppe financière estimée à près de 700 millions de dinars est initiée par la wilaya, apprend-on de responsables concernés. Une cellule de crise présidée par le wali d'Oran a été installée, suite au séisme, pour faire le point de la situation. Saïd Oussad