Alger donnait hier l'image d'une ville morte et angoissante. Une ville quasi paralysée. Sans transport. La rumeur sur la reprise des émeutes après la prière vendredi, qui s'est répandue telle une traînée de poudre à travers tous les quartiers de la capitale, a plongé Alger dans un climat de peur et de torpeur qui nous rappelle les années de plomb. Face à la vague de violences qui secoue depuis quelques jours le pays et à laquelle n'échappe pas la capitale, les Algérois se sont ainsi retranchés chez eux. Pour se déplacer d'un endroit à l'autre, d'une localité à une autre, il faut faire preuve d'ingéniosité. Tous les moyens étaient bons, y compris faire le trajet à pied. Bus et taxis étaient introuvables. «Pour venir de Draria à Alger, j'ai mis trois heures. Le seul bus que j'ai trouvé m'a déposé à mi-chemin. Après n'avoir trouvé aucun moyen de transport, j'ai été contraint de marcher sur une distance de plus de 5 km. C'était très contraignant», témoigne un citoyen de Draria désabusé. Plusieurs personnes travaillant le vendredi n'ont pas trouvé de transport. «J'habite à Bouzaréah. Je n'ai trouvé aucun moyen de transport. La station de bus était vide. Et pour venir à Alger-Centre où je travaille, j'ai été forcé de faire appel à un ami qui a eu la générosité d'accepter de me transporter», raconte Amine, infographe. La peur a visiblement gagné tout le monde. Même les «clandestins», qui constituent souvent un palliatif au manque de transport, ont tous chômé. Certes, Alger est dépourvue, depuis belle lurette, de toute animation durant le vendredi. Comme elle éprouve un manque de transport en ce jour de repos plutôt religieux. Mais hier régnait une atmosphère lourde dans les différents quartiers et rues de la capitale où les émeutes ont repris, comme attendu, de plus belle. Cette situation tendue en dit long sur l'ampleur du malaise social qui ronge le pays.