Le mouvement de protestation ne semble pas s'essouffler à Bouira, après trois jours consécutifs de heurts. Dans la matinée d'hier, émeutes et manifestations ont repris au chef-lieu de wilaya. Des dizaines de jeunes ont brûlé des pneus et barricadé des ruelles. Pour tenter de disperser la foule, les forces de l'ordre sont intervenues. L'ancienne ville de Bouira s'est transformée, en l'espace d'un quart d'heure, en une véritable arène. Les gaz lacrymogènes et la fumée des pneus ont rendu l'atmosphère étouffante. Parallèlement, des centaines de manifestants venus de la commune d'Ahl Lekseur ont fermé l'autoroute et la RN5 au niveau de Bechloul. Un renfort impressionnant de brigades antiémeute a été mobilisé pour empêcher la fermeture de l'axe autoroutier. Il est à noter aussi que les affrontements entre émeutiers et forces de l'ordre se sont poursuivis jusqu'en fin d'après-midi. Ainsi, plusieurs quartiers de la ville de Bouira ont vécu des scènes d'émeutes, jeudi et vendredi derniers. Aux cités des 140 Logements et Ecotec, dans l'ancienne ville et dans le quartier Château d'eau, les jeunes manifestants n'ont pas lâché prise. Ainsi, dans la nuit de vendredi à samedi, ils ont saccagé plusieurs édifices publics dans la ville de Bouira, notamment le bureau de poste de Farachati et celui des 140 Logements, ainsi qu'une antenne de l'OPGI. Le siège de l'OPGI situé au quartier 1100 Logements n'a pas été épargné par les jeunes émeutiers. Plusieurs vitres ont été cassées. Au cours de la même nuit, les manifestations ont éclaté dans plusieurs communes de l'est de Bouira, à savoir M'chedallah, El Asnam, Ahnif. Pour la troisième journée consécutive de heurts, la situation demeure toujours tendue. Loin du chef-lieu, c'est à Aïn Bessem, Aïn Laloui, des communes situées à l'ouest de la wilaya, que les manifestations de rue ont eu lieu pendant plusieurs heures, vendredi dernier. En plus des routes fermées, les protestataires avaient pris pour cible l'antenne de l'OPGI et le siège de l'APC de Aïn Bessem, vendredi matin. Le vent de la protesta a atteint d'autres chefs-lieux communaux comme Raouraoua, Bir Ghbalou et Lakhdaria. Depuis le début des affrontements entre manifestants et forces de l'ordre, on signale au moins une trentaine de blessés du côté des éléments de la police. C'est en tout cas ce que révèlent les sources émanant des services hospitaliers de Bouira. D'autres informations font état d'un policier séquestré par des manifestants au niveau des 140 Logements, dans la nuit de vendredi à samedi. Le policier a été relâché une vingtaine de minutes plus tard, indemne. En outre, les services de sécurité ont arrêté une dizaine de jeunes parmi les manifestants qui ont été libérés ensuite. Dans la commune de Bechloul, un enfant de 11 ans qui se trouvait parmi un groupe de manifestants a été grièvement tabassé, hier après-midi, par les forces de l'ordre qui tentaient d'empêcher la fermeture de l'autoroute. Le climat semble de plus en plus tendu.