Fermée depuis septembre dernier pour des raisons d'infiltration d'eau, la galerie Mohamed Racim, située au niveau de l'avenue Pasteur à Alger, a rouvert son espace d'exposition , jeudi dernier, pour accueillir jusqu'au 13 de ce mois les œuvres d'une soixantaine d'artistes peintres algériens. En dépit du vent d'émeute qui soufflait dans quelques quartiers de la capitale, le vernissage de cette exposition intitulée «Mémoire 1 : au fil du temps» s'est déroulée à la bonne franquette, bien avant l'heure arrêtée au préalable par les organisateurs. Rideau métallique à demi baissé, les quelques convives composés d'une infime poignée d'artistes et de journalistes ont pris leur temps pour admirer la collection et d'échanger des propos amicaux. D'emblée, le directeur de l'UNAC (Union nationale des arts culturels), Abdelhamid Arroussi, a tenu à affirmer que cette exposition n'a pas pu contenir tous les noms des figures de proue de la peinture algérienne. D'où l'organisation de deux autres expositions de cette envergure dans les mois à venir. «Notre objectif à travers cette exposition est de rappeler le souvenir d'artistes de la première génération, dont beaucoup ne sont plus de ce monde. Nos artistes sont tellement nombreux que nous ne pouvons pas tous les présenter en une seule exposition. Tous les trois mois nous organiserons une grande exposition où d'anciens artistes exposeront aux côtés de jeunes artistes. Toutes les générations seront mêlées», explique. M. Abdelhamid Arroussi. En effet, dans cette imposante exposition, quelques anciens noms illustres des arts plastiques sont venus se confondre avec leurs disciples ou autres. Une osmose se devine en filigrane. La plupart du fonds de cette collection appartient à la galerie Mohamed Racim, ajouté à cela quelques acquisitions personnelles. En tout, ce sont pas moins de 61 artistes qui participent à cette manifestation avec une œuvre chacun. Il est à noter que durant l'année écoulée, le monde des arts plastiques a perdu sept de ses meilleurs artistes peintres dont, entre autres, Ali Khodja, Mahieddine Cherrad, Khaled Kouidri, Salem, Omar Zermane, Ali Gadouchi et Mohamed Djenidi. Dans cet espace retapé où la peinture fraîche des murs côtoie certains encadrements moisis de quelques chefs d'œuvre – usure du temps oblige –, le visiteur ne peut être qu'en admiration devant cette multitude de courants artistiques. Les tableaux de Fildjani, de Adène Mustapha, de Baya, de Mesli, de Martinez, de Bouzid, de Samsom, de Nezzar, de Mohamed Zemerli côtoient ceux de Nourredine Chegrane, Chender, de Stambouli, de Mohamed Zerarti, de Moncef Guita, de M. Boucetta ou encore de R. Kacer. L'artiste peintre, Kaci Zahia, qui cumule une carrière de 46 ans, expose une œuvre regorgeant de couleurs et de lumière. Un sage est en train de méditer sur tous les chagrins endurés dans le monde. La lumière qui jaillit du ciel lui rappelle tout de même qu'il y a un espoir pour un meilleur avenir. Kaci Zaria use à outrance de la couleur bleue. Une couleur, dit-elle, dans laquelle elle se sent très à l'aise. L'artiste peintre Nourreddine Chegrane nous gratifie d'une très belle toile aux couleurs bleutées, où la femme et le symbole sont omniprésents. Se déclinant sous la forme musicale d'une symphonie, cette toile n'est autre qu'un hymne aux us et coutumes et à l'espoir. Décédé en 1989, le regretté Mohamed Zemerli a laissé derrière lui pas moins de 120 œuvres. Le tableau qui est à l'honneur, en l'occurrence une vue reposante d'un paysage kabyle, témoigne d'une dextérité certaine. De son côté, cet ancien élève de l'Ecole des Beaux- Arts d'Alger, en l'occurrence Ramdane Kacer, qui se caractérise par un style semi-figuratif penchant vers le surréalisme, met en exergue le thème de la famille avec cette femme portant son bébé dans les bras. Le travail de la regrettée artiste peintre Kheira Flidjani – décédée en 1974 – est présent avec un portrait de femme éloquent. Installée en France, cette dernière était non seulement une artiste chevronnée mais servait également de modèle pour les plus grands artistes peintres français.