Ben Ali assassin, Sarkozy complice», «Ben Ali casse-toi, la Tunisie n'est pas à toi», «A bas la dictature, résistance en Tunisie», ce sont les quelques slogans scandés hier jeudi dernier par les Tunisiens de Paris qui ont organisé un rassemblement de solidarité avec les manifestants et en hommage à ceux tombés sous les balles assassines du régime de Ben Ali depuis le début des émeutes au pays. Paris. De notre correspondant Avant de demander d'observer une minute de silence, Kamal Jendoubi, opposant du régime et animateur du rassemblement, a indiqué que la Tunisie vit des moments extraordinaires et historiques car la rage a vaincu la peur. «Nous sommes tous fiers de ce peuple, mais cette fierté est entachée du sang des innocents». Et d'informer en direct les militants venus en masse que l'épouse de Ben Ali, coiffeuse de son état, se trouve actuellement au 39e étage d'un grand hôtel de Dubaï où elle s'est réfugiée. Cette annonce provoqua de stridents sifflements dans la salle qui a enchaîné avec l'hymne national et des slogans radicalement hostiles à Ben Ali. Prenant la parole, un avocat tunisien qui venait juste de revenir de Tunis, a estimé que c'est le premier soulèvement de l'histoire qui est suivi minute par minute dans le monde entier grâce à facebook et Twitter dont les jeunes Tunisiens raffolent. «Le peuple tunisien de 2010 est un peuple de martyrs. Les jeunes prennent dans leur main droite des pierres et dans celle de gauche un appareil de photo pour immortaliser leur combat et démasquer les véritables casseurs et voyous qui appartiennent en réalité au pouvoir de Ben Ali. Ils doivent être jugés». «Il faut confisquer les biens de la famille Ben Ali» Pour sa part, Eva Joly ancienne magistrate et actuellement députée des «Verts» a critiqué avec véhémence la position scandaleuse de la France. Celle-ci propose d'envoyer en Tunisie et en Algérie des forces de sécurité pour maintenir l'ordre public. «C'est une attitude colonialiste et de soutien à la France Afrique». Et d'exiger une enquête internationale et la suspension par l'Union européenne de l'accord d'association qu'elle avait signé avec Tunis, sans oublier de confisquer tous les biens de la famille Ben Ali et ses proches en Europe.Tentant aussi d'adresser un message aux militants tunisiens, le représentant du Parti socialiste a été fortement sifflé et chahuté. Il n'a pu aller jusqu'au bout de son intervention. Il faut dire que la position prise par le Parti socialiste français et celui de la droite à l'égard de ce qui se passe en Tunisie a fortement heurté les Tunisiens de France. Dénonçant un pouvoir autoritaire, prêt à toutes les violences pour se maintenir, Michel Mulot, représentant du Parti communiste français a estimé que le peuple tunisien a trop souffert et qu'il veut désormais retrouver sa dignité. Les islamistes cherchent à récupérer la mise Par ailleurs, des incidents ont failli éclater dans la salle lorsque des islamistes ont tenté de prendre le micro pour revendiquer le combat qu'ils mènent depuis des années, selon eux, sous la houlette de leur guide Ghannouchi, exilé à Londres, pour renverser le régime. Mais grâce à l'intervention des organisateurs qui ont mis en place un cordon de sécurité devant la tribune, les choses sont rentrées dans l'ordre. Pour éviter la propagation de la violence, Kamal Jendoubi, a conclu la réunion en annonçant la tenue d'un autre meeting aujourd'hui sur la place de la République, mais non sans dire que Ben Ali doit faire face à deux types de jugements : le premier politique et le second judiciaire. Ce qui a fait dire également à une Tunisienne que «Ben Ali est désormais nu, mais il faut continuer à le dénuder davantage».