Ben Ali chute et c'est toute la famille Trabelsi qui plonge. La belle-famille de celui qui n'est «momentanément» plus président de la Tunisie a d'ailleurs bien des raisons de trembler. Si les manifestants demandaient expressément le départ de Ben Ali, ils n'ont pas manqué de conspuer le «clan de la régente de Tunis», accusé à maints égards d'être l'un des maux qui rongent le pays. L'on demande même, çà et là, la mise en place d'une commission qui devrait enquêter sur la corruption généralisée qui a gangrené la Tunisie, des «dépassements» dont les proches de Ben Ali sont fréquemment accusés. Et cette commission se doit aussi de juger les responsables de ce pillage en règle des ressources du pays. Les Trabelsi y échapperont-ils ? La question reste posée, tant le sort réservé à la puissante famille est, pour l'heure, entouré d'incertitudes. Dans la matinée d'hier circulaient déjà des rumeurs quant à la fuite de Belhassen Trabelsi, beau-frère de Ben Ali. Il aurait tenté de fuir la Tunisie, accompagné de sa famille, pour la France. Seulement, le commandant de bord du vol de Tunisair en partance pour Lyon aurait refusé de les embarquer. Ils se seraient finalement envolés pour Dubaï, où se trouverait déjà Leïla, l'épouse de Ben Ali. «On sait seulement que deux avions Falcone blancs ont quitté l'aéroport de Tunis-Carthage en tout début d'après-midi», peut-on lire sur le monde.fr, où il est ajouté que vers «16h50, un important convoi de voitures officielles aux vitres teintées a quitté le palais de Carthage en direction de l'aéroport, sans qu'on sache qui se trouvait à son bord». Et ce, quelques minutes avant que l'armée tunisienne ne prenne le contrôle de l'aéroport et que l'espace aérien ne fut fermé. La «quasi-maffia» répondra-t-elle de ses actes ? Mais certains membres du clan n'auront pas eu la même chance de quitter ce sol devenu hostile. Ainsi, les forces de l'ordre auraient procédé à l'arrestation de plusieurs membres de la famille Trabelsi. Ils auraient été appréhendés à l'aéroport de Tunis alors qu'ils tentaient, eux aussi, de fuir. L'identité ou encore le sort réservé aux personnes arrêtées n'ont cependant pas été indiqués. Ce retournement des forces de l'ordre contre la «première famille» de Tunisie datait déjà de plusieurs jours. Les luxueuses résidences du clan, dans les quartiers huppés de Tunis, ont été mises à sac par des dizaines d'adolescents, et ce, sans que les policiers, pourtant présents, n'interviennent. Cette haine nourrie par les Tunisiens envers la famille ne date pas d'hier et est on ne peut plus justifiée. Même les diplomates américains avaient décrit l'entourage de Ben Ali comme «une quasi-maffia». «Que ce soit du cash, des services, des terres, des propriétés ou, oui, même votre yacht, la famille du président Ben Ali a la réputation de les convoiter et d'obtenir ce qu'elle veut», est-il affirmé dans un câble de l'ambassade daté du 23 juin 2008. Dans plusieurs autres documents diplomatiques, l'on apprend que les proches de Leïla provoquaient, de par leurs frasques et leurs passe-droits, l'ire des Tunisiens. Ces «nouveaux riches qui manquent d'éducation, de basse condition sociale, affichent ostentatoirement leur richesse» sont voués aux gémonies par les citoyens. Et ce sont ainsi plus d'une dizaine d'exemples de ces abus qui sont cités par l'ambassade américaine, impliquant Leïla, connue pour son influence et son appétit, ou encore son frère. Fraudes, corruption, détournements, vols et abus de pouvoir. Auront-ils à répondre de leurs actes ?