Lors des violentes émeutes qui ont fait plus de 70 morts, les manifestants ont exprimé leur colère dirigée contre le président mais également contre son épouse Leila et sa famille, désignée comme une quasi-mafia. «Non aux Trabelsi qui ont pillé le pays», scandaient des manifestants à travers tout le pays. La mainmise de la belle-famille du président en Tunisie est connue par tout le monde mais personne n'osait lever le petit doigt de peur des représailles. Les exemples abondent où l'on voit que la belle-famille du président est derrière toutes les affaires. Il était impossible d'investir en Tunisie sans laisser une place, sans donner une part à la belle-famille, selon des spécialistes de la Tunisie. Leïla Trabelsi est la seconde épouse du président Ben Ali. Elle et sa famille sont accusées de peser de tout leur poids sur le monde économique et d'user sans réserve de la corruption. Leïla trabelsi, issue d'une famille modeste, a été la maîtresse du président avant d'accéder au pouvoir grâce à son mariage et d'étendre les tentacules de sa famille. En juin 2004, un rapport de la Banque mondiale dénonçait les «interventions discrétionnaires du gouvernement» et le «pouvoir des initiés» qui affaiblissent le climat des affaires en Tunisie. Ce constat était confirmé par un câble de l'ambassade américaine diffusé par WikiLeaks qui qualifiait la famille de «quasi-mafia». «La moitié du monde des affaires tunisien prétend avoir une connexion avec les Trabelsi par le mariage», explique l'ambassadeur américain dans ce câble diplomatique. Le câble explique encore que «le frère de Leïla, Belhassen Trabelsi, est le membre le plus connu de la famille et des rumeurs indiquent qu'il est impliqué dans un grand nombre de faits de corruption, de la Banque de Tunisie à des expropriations, en passant par l'extorsion de pots-de-vin». Les possessions du frère de la première dame du pays comprendraient une compagnie aérienne, plusieurs hôtels, l'une des deux radios privées de Tunisie. La «Famille», comme elle est surnommée, est également déboulonnée dans un livre paru en octobre dernier écrit par deux journalistes du site Bakchich, «La régente de Carthage». Leïla Trabelsi avait d'ailleurs essayé de le faire interdire par la justice française, mais ans succès. Le livre était cependant inaccessible en Tunisie jusqu'à jeudi soir. Dans leur livre, Nicolas Beau et Catherine Graciet reviennent notamment sur le cas du neveu de Leïla, Imed, accusé d'avoir fait voler un yacht en Corse. «Leila Ben Ali a, elle aussi, manœuvré pour aider son neveu à s'extraire des griffes de la justice française. Elle a même appelé son époux à la rescousse. Les manifestations de ces derniers jours marqueront-ils la fin du règne des Trabelsi ? Cette courtisane des temps modernes et son clan cristallisent en tout cas la haine des Tunisiens. Il semble qu'elle serait actuellement à Dubaï. La protestation contre les Trabelsi est partout. Vendredi soir, s'élevant contre la présence à bord des membres de la famille Trabelsi, l'équipage de Tunis Air a refusé de décoller de la capitale tunisienne à destination de Lyon. C'est le commandant de bord qui a lancé la fronde. Le clan Trabelsi a fini par être débarqué de l'avion. Leïla Trabelsi, l'épouse du chef de l'Etat, est la cible privilégiée des manifestants tunisiens. Coiffeuse à l'origine, elle est devenue l'une des plus grosses fortunes de Tunisie après son mariage avec Ben Ali. Ses enfants issus d'un premier mariage ou ses neveux défraient régulièrement la chronique judiciaire, en France notamment. Leïla Trabelsi participait à un colloque sur la femme arabe. Elle n'est pas rentrée en Tunisie à l'issue de cette réunion.