Les actes de désespoir se multiplient ces derniers jours à travers différentes régions du pays. Hier, à Mostaganem, un homme de 34 ans, chômeur, a tenté de mettre fin à ses jours devant la direction de la sûreté de wilaya. A la recherche d'un emploi, sans succès, ce trentenaire a voulu se donner la mort de manière spéctaculaire en s'immolant par le feu. Samedi, trois Algériens vivant dans des régions différentes ont tenté le même acte suicidaire pour protester contre leurs conditions sociales intenables. Certes, ces actes ne sont pas nouveaux dans notre pays où la population est totalement livrée à elle-même, sans repères ni perspectives. La nouveauté est le fait que ces actes de désespoir se sont produits en l'espace de 48 heures seulement et en des endroits différents. Le premier est un homme de 41 ans qui a tenté de s'immoler, mercredi dernier, dans l'enceinte de la daïra de Bordj Menaïel, à Boumerdès, à 70 km d'Alger, où il travaillait comme agent de sécurité. Père de six enfants, ce quadragénaire n'a trouvé que cet acte suicidaire pour protester contre son exclusion de la liste des bénéficiaires de logements sociaux de sa localité, Cap Djinet. Le deuxième est un jeune de 26 ans, originaire de Jijel, qui n'arrive plus à faire face à ses problèmes sociaux et le troisième, un jeune de 27 ans de la commune de Boukhdra, à 35 km au nord de Tébessa, à l'est du pays. La rue algérienne n'a pas hésité à faire le parallèle entre ces actes et celui du jeune Tunisien de Sidi Bouzid, à l'origine la vague de violences qui a fait tomber le régime autoritaire de Ben Ali. La révolte des Tunisiens est la première du genre dans le monde arabe. L'effet de contagion est à craindre, surtout que les ingrédients que l'on trouve en Tunisie sont aussi présents en Algérie. Les inégalités sont de plus en plus importantes. A l'asservissement du peuple s'ajoutent la corruption généralisée et la misère. Des centaines de milliards de dollars ont été dépensés dans des programmes de développement, sans que cela ne se répercute positivement sur la vie quotidienne des Algériens, dont le pouvoir d'achat ne cesse d'être érodé par l'inflation grandissante. Les signes de la misère sociale sont visibles partout dans notre pays. Le désespoir bat son plein. Au verrouillage politique s'ajoute l'injustice sociale qui s'est répandue à travers l'ensemble du territoire et qui s'est aggravée durant la première décade du XXIe siècle. Le retour relatif de la paix n'a pas ramené le progrès longtemps souhaité. Les politiques de colmatage et de replâtrage n'ont fait que creuser l'écart entre le pouvoir et la société. La rue algérienne gronde. Il suffit d'une étincelle pour allumer un brasier…