Rares sont les logements qui sont exempts d'anomalies dans la réalisation. Des centaines de logements sont édifiés dans la wilaya de Boumerdes mais sans conformité avec les normes en vigueur. Les malfaçons et vices de construction sont parfois visibles à l'œil nu. Rares les blocs d'habitation qui en sont épargnés. Aujourd'hui, ce sont des milliers de familles qui en souffrent. La joie et les scènes de liesse ayant caractérisé les opérations de relogement sont souvent suivies par la colère et la stupéfaction, après le constat des multiples défauts, apparus dès les premiers mois de l'opération de recasement. Le cas de la cité des 100 logements à Naciria, où l'on se plaint depuis plus de trois ans des infiltrations des eaux de pluie, en est une illustration tant les bénéficiaires souffrent un vrai cauchemar. Certains appartements, s'inondant à la moindre averse, sont devenus inhabitables, disent des résidants des lieux. «Devant le risque de voir nos logements s'effondrer un à un, nous avons frappé à toutes les portes et adressé des correspondances même au ministère de l'habitat ; en vain !» se plaignent les concernés, précisant que leur cité a été réalisée dans le cadre du programme de relogement des sinistrés du séisme de 2003 et dont le premier quota a été attribué en mai 2006. Le 23 janvier 2007 précisément, les services de l'OPGI avaient intervenu pour combler les malfaçons constatées sur les façades extérieures des appartements à la suite de moult réclamations, mais, à ce jour, le problème est resté le même. La mauvaise qualité des PVC utilisés et l'inadaptation du système d'évacuation des eaux usées ont fait que l'humidité et des infiltrations sont le lot quotidien des habitants. Un entrepreneur de la région a révélé que la plupart des PVC utilisés ne résistent pas aux chocs et se perforent facilement sous l'effet de la chaleur. À Timezrit, les bénéficiaires des logements sociaux locatifs du chef-lieu paient aujourd'hui les conséquences du manque de suivi et des malversations dont se sont redus coupables les services de contrôle, les maîtres d'ouvrages, les entrepreneurs et autres bureaux d'études; les logements qui leur sont octroyés se dégradent de jour en jour sous l'effet des eaux ruisselant de toutes parts à l'intérieur des foyers, dont les murs et les dalles sont fortement effrités, constate-t-on sur place. «Nous vivons dans de telles conditions et à chaque fois que nous réclamions, on nous recommande de patienter ou d'aller voir avec la direction de l'OPGI à Reghaïa», déplore Mokrane en nous faisant visiter son appartement. Il nous précise que ces logements avaient été attribués sans qu'ils soient raccordés au réseau d'alimentation en eau potable ni même à l'énergie électrique. «Inadmissible ! Certains locataires ont déboursé plus de 15 millions pour rendre leurs logis tout juste habitables. Où sont les responsables ? Qui fera payer leur crime aux constructeurs à l'origine de tels dégâts ? Dans d'autres pays, un constructeur porte la responsabilité de tout dommage qui compromettrait la solidité de l'ouvrage dix années après sa réception», se lamente Mokrane dépité. La même situation se vit à la cité des 100 logements à Thénia où les fissures et malfaçons sont flagrantes. Les habitants remettent en cause la qualité des travaux de réhabilitation menés au lendemain du séisme dont les souvenirs hantent toujours les mémoires. «Malgré tout ce qui s'était passé, on continue d'agir de la sorte en mettant la vie des gens en danger», déplore un habitant. « Législation inadaptée » Il faut dire qu'ils sont rares les logements exemptes d'anomalies dans leur réalisation à Boumerdès. Même ceux qui ont été érigés après le séisme de mai 2003 n'en sont pas indemnes. A Issers, Légata, Si Mustapha et Zemmouri, des dizaines d'habitants ont dû payer cher pour colmater des brèches, passées inaperçues pour les services de contrôle. Interrogé à ce sujet, un entrepreneur de la région explique ces imperfections, quant à la solidité des ouvrages, par l'incompétence de certains entrepreneurs et le recours exagéré aux sous-traitants, comme il y a beaucoup de services qui ne remplissent pas leurs obligations, fera remarquer notre interlocuteur. Selon lui, même le code civil ne définit pas les vices de construction. L'entrepreneur n'est responsable en réalité que pour ce qui est constaté avant la réception du projet. De plus, même la législation et les procédures d'octroi des marchés publics sont inadaptées et ne permettent guère de situer la responsabilité, rappelle ce spécialiste.