Du 19 au 25 novembre se tient dans les halls de la maison de la culture Nouar Boubakeur, le 1er Salon des métiers de l'artisanat traditionnel, initié par la Chambre de l'artisanat et des métiers d'Oum El Bouaghi (CAM). Le premier salon qui se veut national a ouvert ses portes à des exposants venus de 8 wilayas, dont Tizi Ouzou, Bouira, Béjaïa, Biskra, Annaba, Constantine, Khenchela et Oum El Bouaghi. Les participants des trois premières wilayas citées ont exposé des bijoux traditionnels berbères, de la maroquinerie et des robes kabyles. Le travail d'orfèvrerie requiert comme toujours de la finesse et de la patience. Les bijoux berbères sont finement ciselés et dénotent du degré de professionnalisme atteint par les artisans. Autant dire que les pièces exposées, toutes fabriquées en argent pur, sont de véritables œuvres d'art. Le stand réservé à la wilaya de Annaba donne un aperçu au visiteur sur la robe traditionnelle, dont les motifs sont réalisés à la peinture. Constantine marque sa présence avec ce qu'elle a de spécifique : la dinanderie. Le stand est garni de plateaux en cuivre finement décoré. D'une façon générale, c'est la broderie traditionnelle des robes qui se taille la part du lion. Oum El Bouaghi est présente avec une association féminine qui se propose pour but principal la promotion de la production traditionnelle locale, en particulier le tapis des Haractas, dont la production est de plus en plus rare, en raison de multiples facteurs, en particulier le prix de la laine qui est devenu prohibitif. Selon un exposant, un tapis local de 4 m x 3 m, requiert 5 à mois de travail et la participation de 5 tisserandes, d'où son prix. Sid Bouguerra, tisserand, représentant l'artisanat de Babar (Khenchela) et dont le stand d'exposition est de loin le plus important, nous a fait part de ses préoccupations : « Nous sommes tisserands depuis 5 générations. Le tapis de Babar est exposé dans des musées à New York, à Paris et dans d'autres capitales. Aujourd'hui, il y a des pseudo-tisserands qui nous font une déloyale concurrence. Ils achètent le tapis de chez d'authentiques tisserandes pour l'écouler sur le marché. C'est nous qui détenons le label du tapis de Babar. Personne ne peut le contester ». Le maître tisserand Sid Bouguerra nous a expliqué les étapes nécessaires au tissage d'un tapis, tout comme il a établi la différence entre le tapis mural (draga), le tapis du sol ou le hembel, dont les motifs n'exigent que peu de compétences. Toutefois, il nous a révélé qu'un tapis de pure laine peut coûter jusqu'à 60 000 DA, ce qui n'est pas à la portée de tout le monde. Tout comme pour les autres métiers, le métier de tapissier mérite d'être soutenu par les pouvoirs publics pour sauvegarder un pan important de notre patrimoine artisanal. Cela étant, il faut saluer la louable initiative de la CAM qui a permis au nombreux public d'approcher, de connaître et d'apprécier l'artisanat algérien, à travers la bijouterie traditionnelle, la broderie, la dinanderie de Constantine, la poterie de Biskra et le tapis des Haractas et celui de Babar qui reste un label de qualité.