Il a toujours fui les devants de la scène. Djillali Mehri, l'homme d'affaires algérien dont la discrétion est légendaire, ne pouvait faire autrement cette fois-ci. L'événement est rare. La remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur par les autorités françaises est un moment assez particulier. En présence de nombreuses personnalités algériennes et françaises – dont l'ambassadeur de France à Alger, le recteur de la Mosquée de Paris, le consul général d'Algérie à Paris, le préfet français de la région des Yvelines, les membres de sa famille – Djillali Mehri a été honoré par la France pour l'ensemble de son parcours économique, humanitaire et son action en faveur de la paix en Afrique. Le natif d'El Oued avait du mal à contenir son émotion. C'est l'ancien secrétaire d'Etat à la Défense, le sénateur Jean-Marie Bockel, qui donne le ton à la cérémonie, qui s'est déroulée à Pré-Bois, dans les Yvelines, en cernant «la riche personnalité» de M. Mehri qu'il décrit comme «un seigneur caractérisé par une grande simplicité». «Sa vie a été une sacrée aventure, touchant à tout, à l'entreprise, à la culture, à l'humanitaire.» «C'est un grand patriote algérien et un grand ami de la France.» Il constitue, selon l'ancien secrétaire d'Etat à la Défense, «un lien, un fil conducteur entre la France et l'Algérie. Cette décoration vient enfin récompenser cette volonté de travailler pour un rapprochement entre les deux pays». L'hommage du sénateur Bockel était poignant, exprimant surtout des liens d'amitié d'une trentaine d'années. Le général Jean-Louis Georgelin, ancien chef d'état-major de l'armée française et grand chancelier de l'Ordre de la Légion d'honneur, chargé de remettre à M. Mehri les insignes de cette distinction, insiste sur l'état des relations entre les deux pays qui doivent se développer au-delà des conjonctures et des événements… Il fera part de ses appréciations en tant qu'ancien haut responsable de l'armée française, considérant qu'«il a toujours été remarquablement bien accueilli en Algérie». Le général Georgelin retiendra trois axes fondamentaux dans le parcours de Djillali Mehri : la réussite économique, le mécène et l'homme de paix. Dans sa réponse, l'homme d'affaires algérien met en avant sa volonté de tout entreprendre pour réduire le fossé de l'incompréhension entre l'Algérie et la France.