Sous l'effet de la sécheresse récurrente, les sols se mettent à durcir et à craqueler, ne laissant aucune chance à la végétation annuelle, très exigeante en eau. Les fellahs de la vallée du Chéliff, dont les parcelles de terre dépendaient exclusivement des eaux du plus grand oued d'Algérie, avaient été contraints d'abandonner l'agriculture suite à la construction du barrage de Béni Ifren. L'ouvrage constitue la pièce maitresse du système MAO dont il assure l'alimentation à partir des eaux du Cheliff. Avant sa mise en eau durant l'été 2009, les riverains installés sur les deux berges depuis les temps immémoriaux s'adonnaient à une agriculture semi intensive grâce à la générosité du cours d'eau. Mais, depuis l'érection de la digue et surtout depuis la mise en eau, le lit de l'oued en aval du barrage s'asséchait y compris durant l'hiver. Pratiquant du maraichage d'hiver – culture de l'artichaut et du chou-fleur - et d'été avec essentiellement de la tomate et du melon, les habitants de la région en tiraient de substantiels revenus. Malgré les demandes récurrentes et les promesses sans lendemain, leurs champs, fortement argileux, se sont transformés en d'insoutenables paysages lunaires. Sous l'effet de la sécheresse récurrente, les sols se mettent à durcir et à craqueler, ne laissant aucune chance à la végétation annuelle, très exigeante en eau. Il a fallu la visite de leur région par le nouveau wali de Mostaganem pour que l'espoir renaisse enfin chez ces fellahs endurcis. C'est au niveau du douar que les vieux fellahs ont interpellé le chef de l'exécutif. Se tournant vers les responsables de l'hydraulique, qui manifestement n'avaient pas d'alternative à proposer, il ordonnera de suite de procéder à des lâchers réguliers, n'hésitant pas à inviter ses interlocuteurs à pomper l'eau présente dans le lit de l'oued et destinée manifestement à alimenter la station de traitement de l'ADE située 7 km en aval et qui alimente Oran et Mostaganem en eau potable. Car, sans cette station, la partie de l'oued située en aval du barrage serait à sec pour l'éternité. Ce qui aurait forcé les populations d'Aâchasta et de Sidi Belatar à un exode rural irréversible. Car ici, l'unique ressource provient quasi exclusivement de l'agriculture et de l'élevage. En outre, les 1200 habitants des douars Ouled Bettahar et Khouassa, relevant de la commune de Sidi Belattar, seront enfin reliés à l'AEP grâce à la construction d'un réservoir de 400 m3 et une canalisation. Le coût de l'opération s'élève à 25 millions de DA, soit 20 000 dinars par habitant. Un coût qui paraît exorbitant mais la lutte contre l'exode rural est à ce prix.