La rue tunisienne ne décolère pas. La centrale syndicale tunisienne UGTT a appelé, hier, à une «grève générale» pour la journée d'aujourd'hui à Sidi Bouzid, foyer de la révolution qui a provoqué la chute du président Ben Ali, et ce, pour exiger la démission du gouvernement de transition. Hier, encore, plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés, à Sfax, pour réclamer le départ du gouvernement d'union nationale, alors que des milliers de travailleurs, tous secteurs confondus, ont entamé une grève générale dans la même journée, selon des images retransmises par la Télévision nationale. es milliers de manifestants ont répondu au mot d'ordre de grève lancé par la section régionale de l'Union générale des travailleurs tunisiens pour soutenir les revendications du peuple qui demande la démission du gouvernement, notamment des ministres ayant servi sous le régime de l'ancien président Ben Ali. «Révolution jusqu'à la victoire, de Tunis jusqu'au Caire», «Le peuple demande la dissolution du gouvernement !», «Tunisie libre, RCD out !», ont scandé les manifestants. Des travailleurs de tous les secteurs ayant débrayé à Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien, demandent le départ du gouvernement très décrié en raison de la mainmise de caciques de l'ancien régime aux postes-clés (Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères), l'ambiance était tendue aux abords des bureaux du Premier ministre. La police a tiré dans la matinée des grenades de gaz lacrymogène contre des manifestants voulant forcer un barrage et les attaquaient avec des pierres. L'UGTT a joué et joue un rôle crucial dans l'organisation des manifestations de la révolution tunisienne et pèse, aujourd'hui, de tout son poids dans la contestation du gouvernement transitoire. D'aucuns estiment qu'un remaniement substantiel s'impose pour tenter d'apaiser la rue. Les responsables syndicaux de Sfax ont appelé leurs adhérents à se joindre, aujourd'hui à Tunis, aux milliers de manifestants qui organisent un sit-in devant les bureaux du Premier ministre pour exiger le départ de son équipe. Ce gouvernement, chargé de gérer la transition avant de nouvelles élections, a été constitué trois jours après le départ de Ben Ali en Arabie Saoudite, après près d'un mois d'une révolte populaire qui a fait, selon le ministère de l'Intérieur, 78 morts et 94 blessés, outre des dégâts matériels avoisinant 1,5 milliard d'euros. Cependant, la question qui se pose est de savoir quel est l'accueil que réserveront les manifestants à ce remaniement. Les cinq ministres ayant démissionné la semaine dernière, trois syndicalistes, un opposant et un membre de l'ancien régime, vont être remplacés et l'on s'attendait à ce que d'autres ministres ayant servi sous Ben Ali quittent l'Exécutif en signe d'apaisement.