Beaucoup d'entre nous se souviennent certainement de ce calendrier offert en début d'année par le facteur du quartier. Fin d'année ou début, c'est selon, le facteur, ce fonctionnaire considéré comme un membre de la famille de tout un quartier, vient sonner à la porte pour vous remettre un calendrier. En échange, il lui sera remis un peu d'argent glissé dans une enveloppe ou un petit présent offert à l'aube de la nouvelle année : ce sont les traditionnelles étrennes. C'est aussi un échange pour se dire bonne année. Il est vrai aussi qu'il existe beaucoup de métiers de service qui méritent tout aussi bien ces étrennes de fin d'année, mais c'est le facteur qui tient le haut de la marche. Pour bon nombre de personnes, le facteur demeure le lien quotidien avec l'extérieur, il affronte chaque jour tout au long de l'année les températures des plus glaciales aux plus chaudes, il traverse les aléas du temps pour nous livrer notre courrier, et même si cela fait partie de son métier, il faut quand même avouer qu'il a du mérite. Aussi, lorsqu'il sonne à la porte, quoi de plus naturel que de lui acheter 1 voire 2 calendriers, cela est plutôt une marque de gratitude... D'autres gens déclarent que c'est un personnage trop serviable et puis, il y a le calendrier qui constitue une pièce d'échange. Aujourd'hui, cette bonne tradition a disparu avec le temps. Le facteur ne sonne plus à la porte, le calendrier a perdu de ses couleurs et la petite enveloppe d'argent, complice d'un dévouement, n'a plus cours. La coutume des étrennes reste vivace dans les mémoires, mais la tendance est à l'oubli. D'ailleurs, plusieurs facteurs, nouvelle génération, n'ont qu'une vague description de cet échange avec les habitants du quartier. D'autres le rejettent carrément, même si de nos jours il existe encore des gens qui continuent à fêter le 1er jour de janvier en s'offrant les étrennes. D'autres encore diront que c'est un peu normal que cette tradition disparaisse avec les temps modernes. L'internet et les messages électroniques ont grandement remplacé le courrier postal, d'où la présence de moins en moins utile du facteur. Les plus jeunes ont donc tendance à négliger cette tradition. Pour beaucoup d'entre eux, le facteur, le pompier ou encore l'éboueur, fait «simplement» le travail pour lequel il est payé. Avec des conditions de vie toujours plus difficiles, la logique a donc changé. Pour eux, pas besoin de verser des étrennes, surtout si la notion de «service en plus» n'existe pas. Entre le manque de boîtes aux lettres et le courrier qui disparaît au niveau du tri postal, les étrennes ont du mal à se placer.