A l'heure actuelle, le marché de la friperie vestimentaire mobilise une foule nombreuse et diversifiée d'agents économiques à qui il fournit un emploi. A l'heure actuelle, le marché de la friperie vestimentaire mobilise une foule nombreuse et diversifiée d'agents économiques à qui il fournit un emploi. Par Apparu à Alger à la fin des années 90, le marché de la friperie vestimentaire n'a cessé de s'y développer, en dépit de l'attitude ambiguë et de l'hostilité d'une partie de la population à son égard. Une fois la bariére franchie, les vêtements d'occasion que les entreprises d'importation acquièrent à peu de frais, généralement en Europe Occidentale et en Amérique du Nord, y sont vendus à travers des circuits commerciaux complexes et pas toujours pavés de bonnes intentions. A l'heure actuelle, le marché de la friperie vestimentaire mobilise une foule nombreuse et diversifiée d'agents économiques à qui il fournit un emploi. En outre, il met à la disposition de l'écrasante majorité des ruraux et des citadins, une gamme étendue de vêtements à des prix qui correspondent à leurs possibilités financières. C'est dire qu'une suppression du marché de la friperie vestimentaire comme certaines voix le réclament depuis plusieurs années, aurait des conséquences désastreuses pour des millions d'individus. Riches et pauvres s'y côtoient Regroupant toutes sortes de marchandises, les magasins de la rue Hassiba ne cessent d'attirer de nouvelles clientèles. On déballe par-ci, des ballots contenant vestes et pantalons par-là des colis renfermant des chemises, des robes, ailleurs, des souliers, des bottes chiffonnées. Là-bas encore, les fripiers étalent des sous-vêtements féminins, des bas, des pulls, tout froissés mais attirant des foules de clients, toutes à la recherche du «bijou rare». 6h : les premiers vendeurs déchargent leur fourgonnette bourrée de balles de fringues, tout doit être trié avant l'arrivée des clients matinaux. En effet, cette catégorie qui vient s'approvisionner le matin est surprenante, car il s'agit des acheteurs riches, venant chercher la perle rare ou le vêtement signé, de quoi se démarquer des autres. «Si au petit matin, les plus riches viennent chercher l'habit unique et signé, les retardataires de classe moyenne se bousculent avec les plus pauvres tout au long de la journée», affirme Hamid, vendeur depuis 4 ans. C'est vers 9h du matin que les vendeurs commencent à étaler la marchandise. Les clients les plus avertis viennent à cette heure de la matinée et commencent à chercher dans les balles avant même que les marchands ne terminent la mise en place de leurs éventaires. Pour les vendeurs, il n'est pas question de balancer tous les articles au même prix. Une fois les balles ouvertes, ils font le tri des articles par catégorie. Le premier choix, le deuxième et le troisième. Pour une chemise de la première catégorie, le prix est de 200 DA, la deuxième catégorie est entre 150 et 100 DA, tandis que la troisième, elle, est vendue à 50 DA. Au marché de la friperie, l'ordre est maître du lieu. Certes, les vêtements sont entassés pêle-mêle, mais par catégories : les pantalons avec les pantalons, les tee-shirts avec les tee-shirts et ainsi de suite pour ce qui est des sous-vêtements, vestes, chaussures, slips, ceintures, pyjamas et même couvre-lits... «Je dois tout organiser sinon je risque de ne pas avoir une bonne marge de gain, lorsque j'achète une balle, je sais ce qu'elle contient comme vêtement, chemise, pantalon ou autre, mais j'ignore la marque, le niveau d'usure et la gamme. Alors, je dois trier pour vendre chaque classe à un prix précis», explique Salah, vendeur dans le même magasin. Il n'en demeure pas moins que le marché des fripes est confronté à des difficultés. Le même vendeur dénonce «le coup élevé des balles». Et le sort peut vous réserver des balles de mauvaise qualité. «Le prix des ballots varie en fonction de la qualité de la marchandise. Il y a des balles de pantalons, de chemises, de jupes, de robes, d'habits d'enfants...» Mais en gros le prix varie entre 5000 DA et 10.000 DA. Certains peuvent aller jusqu'à 15.000 DA. De son côté, le grossiste Noureddine pointe le non-paiement des créances. Le commerce de fripe a sa particularité, dit-il. Il est fondamentalement basé sur les cessions entre les grossistes et les détaillants. Ceux-ci paient généralement la moitié du prix de vente de la marchandise à l'enlèvement. Le reliquat est acquitté après écoulement. «Le marché est périlleux. La faillite est possible à tout moment», constate notre interlocuteur. Les grossistes se souviennent encore du malheureux Abdeslam, le «roi de la fripe» mis en faillite pour cause de crédits impayés. Les clientes «In» cherchent des jupes, des robes et des foulards en soie signés. «Souvent, elles avancent qu'elles sont là juste pour acheter des habits à leur bonne ou pour faire des achats au profit d'une association caritative», témoigne Hamid ironiquement. En revanche, les plus franches affirment chercher des marques signées, car dans les balles, «on trouve des articles de très grande qualité presque neufs et même des articles totalement neufs, avec leur étiquette», déclare cette cliente. Il s'agit des fins de série dont se débarrassent parfois les grandes surfaces ou les grands magasins occidentaux. Pour les ménages de la classe populaire, leur seul intérêt est le prix. «Il faut que j'habille mes quatre enfants», avance cette femme. Quoi qu'il en soit, au marché de la friperie, tout le monde, trouve son compte. «Aujourd'hui, plus personne n'hésite à venir rechercher un habit encore portable.» En effet, des hommes et des femmes, accompagnés de leurs enfants, ne se gênent pas pour fouiller dans les tas de vêtements, entreposés ici et là sur des étals de fortune. La honte mise aux oubliettes Depuis plus d'une décennie, le marché a conquis les citadins. Et pour cause. La pauvreté ambiante pousse les populations urbaines - surtout féminines -, réticentes au départ, à parcourir les boutiques de long en large à la recherche des meilleures qualités de chemises, de pantalons pour les uns, les jupes et les "bodies" (chemises) pour les jeunes filles. Aujourd'hui, les magasins, situés dans les grandes artères de la capitale vous proposent toutes sortes de fripes et pour toutes les bourses. La gamme s'est étendue à tous les articles disponibles sur le marché. Les habits, les poupées, les jeux d'enfants, les sacs à main, les chaussures… tout s'achète aujourd'hui d'occasion, offrant de belles opportunités aux couches sociales les plus démunies. De la rue Hassiba à la place des Martyrs, la tentation vous habite de mettre la main à la poche, tant les étals sont riches en beaux pantalons, chemises, jupes, etc. Si la friperie permet aux populations de se payer des fringues à bas prix, elle nuit considérablement à l'industrie textile locale. Contrairement aux vestes neuves vendues très chères dans les boutiques de luxe, les vestes d'occasion sont accessibles à moindre coût par tous. En plus, soutiennent les vendeurs, elles sont confectionnées à base de tissus de qualité qui ne sont souvent pas disponibles sur le marché. Un client venu s'acheter un costume pour une cérémonie de mariage nous confie : «Je ne peux pas me permettre d'aller m'habiller dans les magasins de luxe, parce que les prix des ensembles sont très élevés. Lorsque j'achète mon costume ici, je le fais nettoyer au pressing et il redevient comme neuf.» Les prix des vestes d'occasion sont fonction de la qualité du tissu, de l'état de l'article et même de la marque. On trouve également sur le marché des vestes en provenance de la Chine, à moins de 1.500 DA. Mais ces articles ne sont pas très prisés des consommateurs qui préfèrent les vestes de seconde main, plus résistantes et de meilleure qualité. Un marché inconstant Pendant les périodes de faible affluence, notamment les mois de novembre et décembre, les vendeurs font de bonnes affaires. Car, expliquent-ils, c'est une période de fête et la température favorise le port de ce type d'habillement. Ils arrivent à vendre jusqu'à vingt ensembles par jour lors des fêtes de fin d'année, soit une recette journalière de cinquante mille (50.000) DA, si on considère que le costume est vendu à 2.500 DA. Passée cette période, les ventes diminuent considérablement. Le marché est très inconstant, fluctuant. Cette situation ne permet pas aux vendeurs de faire de grandes réalisations, parce que le peu qui est gagné lors des fêtes est investi dans d'autres achats. Ils affirment néanmoins pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles avec leurs revenus. Avec le temps, les habitudes vestimentaires des Algérois changent. De plus en plus, les clients se tournent vers les grands couturiers et les grandes boutiques pour s'habiller, au détriment des habits de seconde main. Des couturiers de renom commencent à faire leurs preuves et attirent les clients. Ils proposent des costumes de qualité à des prix accessibles. Une clientèle plurielle Un tee-shirt à 50 DA, une robe de nuit à 100 DA ou un nounours à 150 DA. Qui résisterait à des prix aussi alléchants ? Une vraie caverne d'Ali Baba. A chaque pas, un magasin différent accueille le visiteur. Disposés sur le passage pour piétons, des stands métalliques, disposés en deux rangées parallèles accueillent le client. Au milieu, une petite allée où circulent les curieux et les clients. Chaque vendeur met son étal selon sa préférence, soit sur une table, soit sur une toile cirée à même le sol ou sur les barres des stands. Ici, c'est chez Nadir qui «vend des rideaux de bonne qualité et à bon prix». La fraîcheur physique de l'homme se lit à travers ses muscles fournis et son bras robuste qui servent d'appendice à son tee-shirt sans manche. Le propriétaire sait aussi bien accueillir ses clients. Mohamed est l'un de ceux-là. Fonctionnaire dans l'administration publique, ce trentenaire explique qu'il vient de quitter son boulot et est là pour découvrir ce qui se vend ici, poussé par la curiosité. Et d'ajouter : «C'est un fourre-tout et j'espère trouver quelque chose qui m'intéressera.» Tout aussi curieuse, Djamila avoue : «C'est la première fois que je visite ce genre de marché.» Malika, la trentaine à peine, vient acheter des habits pour sa fille âgée d'un an et neuf mois. «C'est la deuxième fois que j'achète ici», explique-t-elle. «Je préfère les habits que je prends ici à ceux que j'achète ailleurs. Ceux-ci résistent beaucoup mieux à l'usure du temps», tente de convaincre la jeune dame aux traits effilés. Une ambiance bon enfant La chaleur humaine caractérise les différents échanges lors de la conclusion d'une vente. La fermeté sur le prix, adoptée par les vendeurs, cède très vite le pas à une négociation à l'amiable. Certains facteurs renforcent cette rencontre entre l'offre et la demande. Cherif est un grand-père qui aime gâter ses neveux et nièces. En ce début de vacances, le septuagénaire veut leur offrir des cadeaux. Jusque-là, celui qui négociait difficilement les 3 shorts qu'il voulait prendre à 50 DA l'unité vient de découvrir que son vis-à-vis est de la même région de la Kabylie que lui. Surpris, il s'éclate. «C'est fini. Je prends tout ce que je veux», se réjouit-il. Cet enthousiasme et cette découverte se concluent par un accord tacite de vente des shorts très appréciés des enfants. Un environnement pas toujours salubre Le long des stands, la respiration des acteurs du marché est soumise à rude épreuve. Assis derrière un égout débordé d'eaux verdâtres, un homme ne veut pas décliner son identité. L'environnement, pourtant peu amène pour les narines, ne semble pas l'indisposer outre mesure. De l'autre côté, le long du marché de la rue de la Lyre, l'odeur d'urine est suffocante et tout le monde semble pourtant s'en accommoder. Des restes de nourriture et de mangues que se disputent férocement une nuée de mouches. Visiblement, l'incivisme des riverains y est pour quelque chose dans les odeurs nauséabondes qu'un habitué des marchés déplore. «C'est le propre des quartiers populaires.» Une autre source de menace à l'environnement est le fait des locataires des stands eux-mêmes. Les ballots de friperie défaits, les fils de fer qui leur ont servi d'emballages sont jetés sur la chaussée. Des comportements qui créent la fausse note de cette harmonie du marché des «gens de peu et de rien». Par Apparu à Alger à la fin des années 90, le marché de la friperie vestimentaire n'a cessé de s'y développer, en dépit de l'attitude ambiguë et de l'hostilité d'une partie de la population à son égard. Une fois la bariére franchie, les vêtements d'occasion que les entreprises d'importation acquièrent à peu de frais, généralement en Europe Occidentale et en Amérique du Nord, y sont vendus à travers des circuits commerciaux complexes et pas toujours pavés de bonnes intentions. A l'heure actuelle, le marché de la friperie vestimentaire mobilise une foule nombreuse et diversifiée d'agents économiques à qui il fournit un emploi. En outre, il met à la disposition de l'écrasante majorité des ruraux et des citadins, une gamme étendue de vêtements à des prix qui correspondent à leurs possibilités financières. C'est dire qu'une suppression du marché de la friperie vestimentaire comme certaines voix le réclament depuis plusieurs années, aurait des conséquences désastreuses pour des millions d'individus. Riches et pauvres s'y côtoient Regroupant toutes sortes de marchandises, les magasins de la rue Hassiba ne cessent d'attirer de nouvelles clientèles. On déballe par-ci, des ballots contenant vestes et pantalons par-là des colis renfermant des chemises, des robes, ailleurs, des souliers, des bottes chiffonnées. Là-bas encore, les fripiers étalent des sous-vêtements féminins, des bas, des pulls, tout froissés mais attirant des foules de clients, toutes à la recherche du «bijou rare». 6h : les premiers vendeurs déchargent leur fourgonnette bourrée de balles de fringues, tout doit être trié avant l'arrivée des clients matinaux. En effet, cette catégorie qui vient s'approvisionner le matin est surprenante, car il s'agit des acheteurs riches, venant chercher la perle rare ou le vêtement signé, de quoi se démarquer des autres. «Si au petit matin, les plus riches viennent chercher l'habit unique et signé, les retardataires de classe moyenne se bousculent avec les plus pauvres tout au long de la journée», affirme Hamid, vendeur depuis 4 ans. C'est vers 9h du matin que les vendeurs commencent à étaler la marchandise. Les clients les plus avertis viennent à cette heure de la matinée et commencent à chercher dans les balles avant même que les marchands ne terminent la mise en place de leurs éventaires. Pour les vendeurs, il n'est pas question de balancer tous les articles au même prix. Une fois les balles ouvertes, ils font le tri des articles par catégorie. Le premier choix, le deuxième et le troisième. Pour une chemise de la première catégorie, le prix est de 200 DA, la deuxième catégorie est entre 150 et 100 DA, tandis que la troisième, elle, est vendue à 50 DA. Au marché de la friperie, l'ordre est maître du lieu. Certes, les vêtements sont entassés pêle-mêle, mais par catégories : les pantalons avec les pantalons, les tee-shirts avec les tee-shirts et ainsi de suite pour ce qui est des sous-vêtements, vestes, chaussures, slips, ceintures, pyjamas et même couvre-lits... «Je dois tout organiser sinon je risque de ne pas avoir une bonne marge de gain, lorsque j'achète une balle, je sais ce qu'elle contient comme vêtement, chemise, pantalon ou autre, mais j'ignore la marque, le niveau d'usure et la gamme. Alors, je dois trier pour vendre chaque classe à un prix précis», explique Salah, vendeur dans le même magasin. Il n'en demeure pas moins que le marché des fripes est confronté à des difficultés. Le même vendeur dénonce «le coup élevé des balles». Et le sort peut vous réserver des balles de mauvaise qualité. «Le prix des ballots varie en fonction de la qualité de la marchandise. Il y a des balles de pantalons, de chemises, de jupes, de robes, d'habits d'enfants...» Mais en gros le prix varie entre 5000 DA et 10.000 DA. Certains peuvent aller jusqu'à 15.000 DA. De son côté, le grossiste Noureddine pointe le non-paiement des créances. Le commerce de fripe a sa particularité, dit-il. Il est fondamentalement basé sur les cessions entre les grossistes et les détaillants. Ceux-ci paient généralement la moitié du prix de vente de la marchandise à l'enlèvement. Le reliquat est acquitté après écoulement. «Le marché est périlleux. La faillite est possible à tout moment», constate notre interlocuteur. Les grossistes se souviennent encore du malheureux Abdeslam, le «roi de la fripe» mis en faillite pour cause de crédits impayés. Les clientes «In» cherchent des jupes, des robes et des foulards en soie signés. «Souvent, elles avancent qu'elles sont là juste pour acheter des habits à leur bonne ou pour faire des achats au profit d'une association caritative», témoigne Hamid ironiquement. En revanche, les plus franches affirment chercher des marques signées, car dans les balles, «on trouve des articles de très grande qualité presque neufs et même des articles totalement neufs, avec leur étiquette», déclare cette cliente. Il s'agit des fins de série dont se débarrassent parfois les grandes surfaces ou les grands magasins occidentaux. Pour les ménages de la classe populaire, leur seul intérêt est le prix. «Il faut que j'habille mes quatre enfants», avance cette femme. Quoi qu'il en soit, au marché de la friperie, tout le monde, trouve son compte. «Aujourd'hui, plus personne n'hésite à venir rechercher un habit encore portable.» En effet, des hommes et des femmes, accompagnés de leurs enfants, ne se gênent pas pour fouiller dans les tas de vêtements, entreposés ici et là sur des étals de fortune. La honte mise aux oubliettes Depuis plus d'une décennie, le marché a conquis les citadins. Et pour cause. La pauvreté ambiante pousse les populations urbaines - surtout féminines -, réticentes au départ, à parcourir les boutiques de long en large à la recherche des meilleures qualités de chemises, de pantalons pour les uns, les jupes et les "bodies" (chemises) pour les jeunes filles. Aujourd'hui, les magasins, situés dans les grandes artères de la capitale vous proposent toutes sortes de fripes et pour toutes les bourses. La gamme s'est étendue à tous les articles disponibles sur le marché. Les habits, les poupées, les jeux d'enfants, les sacs à main, les chaussures… tout s'achète aujourd'hui d'occasion, offrant de belles opportunités aux couches sociales les plus démunies. De la rue Hassiba à la place des Martyrs, la tentation vous habite de mettre la main à la poche, tant les étals sont riches en beaux pantalons, chemises, jupes, etc. Si la friperie permet aux populations de se payer des fringues à bas prix, elle nuit considérablement à l'industrie textile locale. Contrairement aux vestes neuves vendues très chères dans les boutiques de luxe, les vestes d'occasion sont accessibles à moindre coût par tous. En plus, soutiennent les vendeurs, elles sont confectionnées à base de tissus de qualité qui ne sont souvent pas disponibles sur le marché. Un client venu s'acheter un costume pour une cérémonie de mariage nous confie : «Je ne peux pas me permettre d'aller m'habiller dans les magasins de luxe, parce que les prix des ensembles sont très élevés. Lorsque j'achète mon costume ici, je le fais nettoyer au pressing et il redevient comme neuf.» Les prix des vestes d'occasion sont fonction de la qualité du tissu, de l'état de l'article et même de la marque. On trouve également sur le marché des vestes en provenance de la Chine, à moins de 1.500 DA. Mais ces articles ne sont pas très prisés des consommateurs qui préfèrent les vestes de seconde main, plus résistantes et de meilleure qualité. Un marché inconstant Pendant les périodes de faible affluence, notamment les mois de novembre et décembre, les vendeurs font de bonnes affaires. Car, expliquent-ils, c'est une période de fête et la température favorise le port de ce type d'habillement. Ils arrivent à vendre jusqu'à vingt ensembles par jour lors des fêtes de fin d'année, soit une recette journalière de cinquante mille (50.000) DA, si on considère que le costume est vendu à 2.500 DA. Passée cette période, les ventes diminuent considérablement. Le marché est très inconstant, fluctuant. Cette situation ne permet pas aux vendeurs de faire de grandes réalisations, parce que le peu qui est gagné lors des fêtes est investi dans d'autres achats. Ils affirment néanmoins pouvoir subvenir aux besoins de leurs familles avec leurs revenus. Avec le temps, les habitudes vestimentaires des Algérois changent. De plus en plus, les clients se tournent vers les grands couturiers et les grandes boutiques pour s'habiller, au détriment des habits de seconde main. Des couturiers de renom commencent à faire leurs preuves et attirent les clients. Ils proposent des costumes de qualité à des prix accessibles. Une clientèle plurielle Un tee-shirt à 50 DA, une robe de nuit à 100 DA ou un nounours à 150 DA. Qui résisterait à des prix aussi alléchants ? Une vraie caverne d'Ali Baba. A chaque pas, un magasin différent accueille le visiteur. Disposés sur le passage pour piétons, des stands métalliques, disposés en deux rangées parallèles accueillent le client. Au milieu, une petite allée où circulent les curieux et les clients. Chaque vendeur met son étal selon sa préférence, soit sur une table, soit sur une toile cirée à même le sol ou sur les barres des stands. Ici, c'est chez Nadir qui «vend des rideaux de bonne qualité et à bon prix». La fraîcheur physique de l'homme se lit à travers ses muscles fournis et son bras robuste qui servent d'appendice à son tee-shirt sans manche. Le propriétaire sait aussi bien accueillir ses clients. Mohamed est l'un de ceux-là. Fonctionnaire dans l'administration publique, ce trentenaire explique qu'il vient de quitter son boulot et est là pour découvrir ce qui se vend ici, poussé par la curiosité. Et d'ajouter : «C'est un fourre-tout et j'espère trouver quelque chose qui m'intéressera.» Tout aussi curieuse, Djamila avoue : «C'est la première fois que je visite ce genre de marché.» Malika, la trentaine à peine, vient acheter des habits pour sa fille âgée d'un an et neuf mois. «C'est la deuxième fois que j'achète ici», explique-t-elle. «Je préfère les habits que je prends ici à ceux que j'achète ailleurs. Ceux-ci résistent beaucoup mieux à l'usure du temps», tente de convaincre la jeune dame aux traits effilés. Une ambiance bon enfant La chaleur humaine caractérise les différents échanges lors de la conclusion d'une vente. La fermeté sur le prix, adoptée par les vendeurs, cède très vite le pas à une négociation à l'amiable. Certains facteurs renforcent cette rencontre entre l'offre et la demande. Cherif est un grand-père qui aime gâter ses neveux et nièces. En ce début de vacances, le septuagénaire veut leur offrir des cadeaux. Jusque-là, celui qui négociait difficilement les 3 shorts qu'il voulait prendre à 50 DA l'unité vient de découvrir que son vis-à-vis est de la même région de la Kabylie que lui. Surpris, il s'éclate. «C'est fini. Je prends tout ce que je veux», se réjouit-il. Cet enthousiasme et cette découverte se concluent par un accord tacite de vente des shorts très appréciés des enfants. Un environnement pas toujours salubre Le long des stands, la respiration des acteurs du marché est soumise à rude épreuve. Assis derrière un égout débordé d'eaux verdâtres, un homme ne veut pas décliner son identité. L'environnement, pourtant peu amène pour les narines, ne semble pas l'indisposer outre mesure. De l'autre côté, le long du marché de la rue de la Lyre, l'odeur d'urine est suffocante et tout le monde semble pourtant s'en accommoder. Des restes de nourriture et de mangues que se disputent férocement une nuée de mouches. Visiblement, l'incivisme des riverains y est pour quelque chose dans les odeurs nauséabondes qu'un habitué des marchés déplore. «C'est le propre des quartiers populaires.» Une autre source de menace à l'environnement est le fait des locataires des stands eux-mêmes. Les ballots de friperie défaits, les fils de fer qui leur ont servi d'emballages sont jetés sur la chaussée. Des comportements qui créent la fausse note de cette harmonie du marché des «gens de peu et de rien».