Hamid Temmar, ministre de la Participation et du Développement de l'investissement, a été l'hôte du Club Excellence Management et du MDI-Alger mercredi dernier à l'hôtel El Aurassi où l'attendait un nombreux auditoire d'hommes d'affaires, de diplomates et de journalistes. On attendait du ministre en charge du volet très sensible des réformes économiques qu'il présente un bilan des privatisations et des investissements conclus au cours de cette année, mais c'est à un ministre plutôt politique qu'à un technocrate que l'auditoire a eu affaire. A ce titre, Hamid Temmar s'est surtout attaché à dresser l'état des lieux d'un pays définitivement sorti de la crise économique et où a émergé une nouvelle économie portée par les réformes structurelles, l'essor du secteur privé et les implications positives de son adhésion à la zone de libre-échange euro-méditerranéenne et à l'OMC. Notre système bancaire est en train de faire sa mue et les grands fonds d'investissement à long terme cherchent de plus en plus à s'impliquer dans le financement des gros projets. L'Algérie, a-t-il affirmé, est aujourd'hui un pays mûr pour l'investissement, mais plus encore pour les grands investissements productifs créateurs d'emplois. Il devient intéressant d'y investir, car aux nombreux avantages comparatifs que l'Algérie recelait déjà sont venus s'en ajouter d'autres non moins importants, comme la croissance économique (5% en moyenne) que le pays a enregistré durant trois années consécutives. A cette forte croissance qui a dopé les revenus et la consommation des ménages, il faut également ajouter la gigantesque offre publique de travaux et services générée par la programme de soutien à la croissance. Autant d'indicateurs favorables que très peu de pays peuvent aujourd'hui offrir aux investisseurs et qui devraient, selon notre ministre, mettre définitivement fin aux hésitations des hommes d'affaires qu'ils soient Algériens ou étrangers. Aux hommes d'affaires algériens sclérosés par leur mode actuel de gestion (type familial), il demande de s'ouvrir davantage pour mieux tirer profit des privatisations et autres opportunités d'investissement. Il a, à titre d'exemple, encouragé les hommes d'affaires algériens à se regrouper afin d'acquérir les plus grandes entreprises publiques, y compris celles du secteur des hydrocarbures, éligibles à la privatisation. S'agissant des entreprises étrangères, Hamid Temmar, a avoué ne pas comprendre que ces dernières conditionnent leur installation en Algérie à l'instauration d'un climat des affaires idéal qu'aucun pays au monde ne peut en réalité garantir. Il est par conséquent temps qu'elles mettent fin à cette frilosité, car outre les bénéfices qu'elles ont toutes les chances d'en tirer, c'est par leur présence effective en Algérie que ces entreprises ont le plus de chances de pousser les autorités concernées à aller vite en réformes pour faciliter l'exercice de leurs activités. Etant d'accord sur ce constat, les entreprises étrangères sont de plus en plus nombreuses à s'installer en Algérie. Le processus de privatisation a, dit-il, été considérablement simplifié à tel point qu'il est aujourd'hui possible de boucler la procédure de transfert de propriété en à peine 6 mois. La transparence est également de mise, puisque les privatisations sont toutes soumises à l'appel d'offres d'une durée de 6 semaines. Ce sont les SGP érigées en véritables agences de privatisation qui sont chargées de conduire le processus. La décision finale revient au CPE qui se réunit pour la circonstance 2 fois par mois. L'optimisme du ministre de la Participation a quelque peu été battu en brèche par des hommes d'affaires qui, à l'instar de Djillali Mehri et d'Issaâd Rabrab, lui ont fait part de la persistance d'obstacles d'ordre bureaucratique pour promouvoir un investissement en Algérie. Ils ont évoqué pêle-mêle le problème d'accès au foncier, les lenteurs à obtenir un permis de construire, le refus de l'Etat de réaliser les infrastructures nécessaires à l'exploitation d'un investissement, la lenteur à délivrer des agréments, etc. Du fait de ces tracasseries, le groupe Cevital se retrouve avec des équipements destinés à l'extension de son usine de sucre à Béjaïa, encore sous emballage depuis plus d'une année. Il a également soulevé le problème de la Bourse d'Alger qui n'a pas reçu de nouveaux titres depuis plus de 6 ans. Le CPE avait décidé en janvier dernier de coter 11 entreprises, mais à ce jour rien n'a été entrepris dans ce sens. Hamid Temmar, qui ne nie pas sa difficulté à donner corps à cette Bourse avec des EPE qui répondent rarement aux critères d'éligibilité, a toutefois promis d'introduire au minimum trois nouveaux titres d'ici mars prochain.