C'est au processus de privatisation en cours que Yahia Hamlaoui, ministre délégué à la Participation et à la Promotion de l'investissement, a consacré l'essentiel de son intervention à la tribune du Club Excellence Management et du MDI Alger, mercredi dernier à l'hôtel El Aurassi. Les chefs d'entreprise, les responsables d'organisations patronales et les membres du corps diplomatique, venus nombreux à cette rencontre dans l'espoir de recueillir des informations de première main sur les intentions du gouvernement et les actions qu'il compte entreprendre à court et à moyen termes pour redynamiser les réformes, sont repartis sur leur faim, notre ministre s'étant confiné dans des généralités qui ne leur étaient pas du tout étrangères. On retiendra de son intervention qu'il considère la privatisation des entreprises publiques comme un déterminant de la croissance au même titre que les hydrocarbures et la dépense publique qui, à travers les 37 fonds de développement sectoriel, tirent actuellement la croissance. Plus clairement encore, il considère la privatisation comme un acte d'investissement pour lequel la loi algérienne relative à la promotion de l'investissement prévoit du reste des mesures incitatives au même titre que les autres promoteurs. Les entreprises publiques économiques, a fortiori quand elles ont la qualité de petite et moyenne entreprise (moins de 2 milliards de chiffre d'affaires par an), sont toutes éligibles à la privatisation, et son département ministériel innove en les affichant sur un site informatique créé à cet effet. C'est à la trentaine de sociétés de gestion de participation (SGP) qu'échoit la mission de conduire le processus de privatisation, chacune pour les entreprises qui la concernent, au rythme souhaité par le gouvernement, d'au minimum une entreprise par mois, soit une trentaine pour l'ensemble des SGP. Pour diverses raisons que M. Hamlaoui impute essentiellement au retard pris dans les évaluations des entreprises concernées et au climat des affaires peu incitatif qui prévaut dans notre pays, on est encore bien loin de ce résultat. On sait effectivement qu'en dépit du volontarisme clairement affiché par les pouvoirs publics, les unités économiques définitivement transférées à des acquéreurs privés ne sont pas légion. Ce sont pour l'essentiel de petites unités économiques (briqueteries, usines de boissons) dont les démarches pour leur privatisation remontent, pour certaines, aux années 1997- 1998. Rien de précis n'a d'ailleurs été fait pour accélérer le processus de privatisation qui bute toujours sur la lenteur de la décision de transfert de propriété qui se prend au plus haut niveau de l'Etat. Il est pourtant vital pour notre économie d'aller vite en privatisation, car il est de notoriété publique que le gros de nos EPE fonctionne en sous-capacité. Il faut, en effet, savoir qu'avec 700 milliards d'actifs, ces entreprises ne parviennent à réaliser qu'environ 13% de la valeur ajoutée nationale, ce qui est bien maigre eu égard aux performances réalisées par les sociétés privées avec une capitalisation beaucoup plus faible. Privatiser, c'est donc aider le pays à faire davantage de croissance même si notre ministre se garde de la réduire à un bradage. Les cahiers des charges, dit-il, sont faits pour cela. Le respect des clauses de prix, de sauvegarde de l'emploi et de protection contre d'éventuelles spéculations est de nature à sauvegarder les intérêts des deux parties. Le foncier, un handicap Les débats, comme il fallait s'y attendre, ont porté sur la question du foncier dont l'indisponibilité bloque la promotion des investissements et la lenteur du processus de privatisation. S'agissant du foncier, Issad Rebrab, patron du groupe Cevital, a touché la corde sensible en suggérant à juste titre de céder, si nécessaire, au dinar symbolique les terrains destinés à des investissements utiles et rentables puisque l'Etat est certain de récupérer sa mise au moyen de fiscalité à laquelle seront assujetties les unités une fois entrées en activité. Le gel des terrains par l'Etat qui en est le plus gros propriétaire ne fait qu'alimenter la spéculation notamment dans le marché informel où les prix dépassent l'entendement, a-t-il affirmé en substance. Le ministre de la Participation ayant affirmé que les travaux d'évaluation des entreprises privatisables sont l'une des principales causes du retard du processus de privatisation, Omar Ramdane, président du Forum des chefs d'entreprise, recommande de ne pas mettre, comme c'est actuellement le cas, plus d'un millier d'entreprises sur le marché de la privatisation, mais seulement un lot d'unités de divers secteurs d'activités sur lesquelles seront concentrées les actions d'évaluation. Evaluer d'un seul coup un millier d'entreprises, dont la plupart ne trouveront acquéreur que d'ici à plusieurs années, cela consiste à l'évidence à disperser l'énergie des opérateurs concernés et bien entendu l'argent du contribuable, sachant pertinemment que l'évaluation d'une entreprise doit nécessairement être refaite lorsqu'elle dépasse un certain nombre d'années. Il a, par ailleurs, signalé à juste titre que l'accélération du processus de privatisation dépend pour beaucoup de l'amélioration du climat des affaires qui, de son point de vue, est resté globalement défavorable aux investisseurs. Il cite pour exemple le coût exorbitant du crédit qui profite outrageusement aux banques, la difficulté d'accès au foncier et l'obligation faite aux repreneurs de maintenir l'activité des entreprises alors qu'en économie de marché la liberté d'entreprendre doit primer.