Pour le premier responsable de ce département, 36 sociétés sont vendues mensuellement et le pouvoir d'achat de la population a augmenté ces dernières années. Mais se pose sans doute une question de répartition juste des richesses. “Je ne suis pas le ministre de la Privatisation, mais des Participations”, a lancé d'emblée M. Temmar. Le ton est, aujourd'hui, à la prudence, face aux résistances aux réformes. En s'entourant de ces précautions oratoires, il se veut plus efficace. Telle est l'impression qui se dégage de sa communication synthétique, sur les réformes, à l'adresse d'un parterre de chefs d'entreprise qui comptent sur l'échiquier économique du pays. La privatisation, les réformes économiques et l'investissement ont été ainsi les principaux thèmes abordés par M. Abdelhamid Temmar, ministre des participations et de la promotion de l'investissement lors d'une conférence-débat organisée, mercredi dernier, à l'hôtel El-Aurassi par le Club Excellence management. Le ministre a annoncé qu'“on a privatisé 200 entreprises et on avance à un rythme de 36 entreprises privatisées par mois”. Il a indiqué, également, qu'”il y a seulement 3 entreprises, parmi la liste des 11 entreprises privatisables via la Bourse, qui sont, aujourd'hui, prêtes”. Le conseil des participations de l'état (CPE) se réunit 2 fois par mois pour examiner les dossiers de privatisation. Pour Temmar, “l'entreprise publique doit disparaître en tant qu'entité publique pour renaître de ses cendres après sa privatisation”. La privatisation n'est pas, selon M. Temmar, un problème d'option, mais de croissance. Le ministre est beaucoup plus favorable à la privatisation des groupes industriels avec leurs filiales qu'à la vente de ces unités séparément. Il dira qu'“on préfère la privatisation des groupes industriels en entier sans les saucissonner, mais on n'a pas reçu encore d'offres”. Ceci étant dit, le ministre plaidera en faveur d'une privatisation de toutes les entreprises publiques car “c'est l'entreprise privée qui doit être à l'avant-garde de l'économie nationale et on a changé de projection pour notre économie qui est passée d'une économie institutionnelle à une économie professionnelle”. Cette nouvelle option sera accompagnée, selon M. Temmar, par la mise en place d'une nouvelle politique industrielle, une politique d'exportation hors hydrocarbures qui encouragera même le développement du secteur agricole en tant qu'activité génératrice de recettes en devises et la création d'un marché financier de capitaux longs. Cette vision long terme sera élaborée et peaufinée prochainement, en particulier par le Haut- Commissariat à la planification composé d'experts et économistes algériens. Les capitaux de la Banque de développement local (BDL) et du Crédit populaire algérien (CPA) seront ouverts prochainement à la privatisation. Il a déclaré qu'“on est dans un programme présidentiel qui est en train de projeter notre pays à long terme soit 40 ans”. Temmar a estimé qu'“avec un taux de croissance de 5% qui s'accumule, il est impossible que le pouvoir d'achat se dégrade”. La totalité des recettes ordinaires sont dépensées, selon lui, pour les transferts sociaux. Aujourd'hui, l'Algérie a modifié 97% de sa législation commerciale et maîtrisé parfaitement sa masse monétaire, précisera-t-il. On a réussi à lancer un plan de relance avec des dépenses énormes qui n'ont pas engendré d' inflation (hausse des prix) importante. Il a souligné, par ailleurs, que “l'Algérie précipite le remboursement de sa dette extérieure puisqu'elle a remboursé 220 milliards de DA en 2004 (environ 3 milliards de dollars) par anticipation en 2005”. Revenant sur les transferts de propriété, le délai de privatisation ne dépasse pas, selon le ministre, 6 mois pour les entreprises de taille moyenne et 18 mois pour les grandes entreprises. Il précisera que “les pouvoirs publics obligent le futur repreneur de l'entreprise privatisable à avoir un business plan (plan de développement) précis qui comprend, notamment, les grands axes de sa stratégie après l'acquisition de l'entreprise”. “Les Sociétés de gestion des participations (SGP) sont considérées comme des agences de privatisation et le ministère de la participation a créé une division chargée du suivi des opérations de privatisation”, a -t-il indiqué. La privatisation des entreprises viables reste tributaire du choix d'un partenaire stratégique qui apportera son savoir-faire technologique et managérial, soutiendra-t-il. Ce qui explique le peu d'entreprises introduites en Bourse. Et partant, nous semble-t-il, le retard dans la dynamisation de Bourse à travers l'introduction de nouveaux titres. Le problème du foncier n'est pas encore réglé Hamid Temmar a affirmé que “le gouvernement engagera, prochainement, une discussion sur le problème du foncier en vue de remédier aux différentes doléances exprimées par les opérateurs économiques”. Le ministre a appelé les chefs d'entreprise privée à changer leur attitude en s'orientant davantage vers l'exportation hors hydrocarbures, l'acquisition de savoir-faire, voire la recherche-développement, en créant des sociétés par action au lieu de se confiner dans des entreprises familiales. Les entreprises privées ne profitent pas, selon lui, des opportunités offertes par le gouvernement en matière de privatisation. Il a souligné que les pouvoirs publics et les entreprises privées doivent tendre vers le même objectif : la croissance économique durable. Ils doivent donc s'appuyer mutuellement. M. Temmar, en ce sens, invite les entreprises à être de véritables partenaires de l'exécutif. Faïçal Medjahed