Le front social est à nouveau en ébullition. Le vent de la contestation souffle sur plusieurs départements ministériels. Au menu de cette semaine, des grèves, des marches et des rassemblements. A partir d'aujourd'hui, les hôpitaux connaîtront une paralysie sérieuse en raison de la grève de deux jours à laquelle a appelé le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP). Près de 90 000 «infirmiers» répondront, selon nos sources, au mot d'ordre de grève lancé par cette organisation syndicale. Quelques jours plus tard, à savoir le 6 février, ce sera les corps communs du secteur de l'éducation nationale qui organiseront un rassemblement devant le siège du ministère. Selon le secrétaire général de la coordination de la wilaya d'Alger, les corps communs du secteur de l'éducation nationale regroupent plus de 500 000 travailleurs. Environ 60% d'entre eux ont donné leur accord de principe pour prendre part à cette manifestation. Autres travailleurs du secteur qui se mobilisent pour la satisfaction des revendications d'ordre socioprofessionnel : les adjoints de l'éducation. A leur tour, ces derniers ont appelé à un rassemblement devant le siège du ministère de tutelle, le 14 février prochain. De son côté, le Syndicat des communes affilié au Snapap a décidé d'un mouvement de débrayage de trois jours à partir du 20 février. Les travailleurs communaux revendiquent la promulgation de leur statut particulier, le régime indemnitaire et contestent la nouvelle loi sur les retraites. S'agissant du mouvement de protestation, qui débutera aujourd'hui, le SAP avait, dans un premier temps, appelé à une grève nationale cyclique de deux jours par semaine (mardi et mercredi), à partir du 1er février. Un préavis de grève a été déposé auprès des ministères concernés. Mais l'intervention du ministre de la Santé dans les médias lourds a poussé les paramédicaux à revoir leur copie en décidant d'aller vers une grève illimitée à partir du 8 février, tout en maintenant celle d'aujourd'hui. «Après les tergiversations de la tutelle vis-à-vis de la revendication statutaire, nous avons opté pour une grève nationale illimitée à partir du 8 février. Le ministre doit comprendre que la corporation paramédicale n'est pas dupe et le mensonge ne nourrit pas», explique M. Ghachi, porte-parole du SAP, qui estime que le ministre de la Santé a tenu des propos graves et injustifiés à l'égard de la corporation. «Le ministre est parti solliciter un appui auprès de la population en l'interrogeant sur le comportement des paramédicaux tout en dénigrant leurs prestations. Cette propagande médiatique – des propos outranciers et insultants – est un pas aisément franchi dans l'atteinte à la dignité de la corporation paramédicale», a soutenu M. Ghachi. Cette grève, décidée lors de la dernière session du conseil national du syndicat, vise, selon ses animateurs, à faire pression sur le ministère de la Santé afin qu'il lève le blocage sur la promulgation du statut particulier longtemps attendu par la corporation. «Nous nous sommes montrés patients devant les assurances du ministre quant à la promulgation du statut LMD de la corporation paramédicale dans un délai qui ne saurait dépasser la fin de l'année 2010. Force est de constater une fois de plus la lenteur, voire le blocage délibéré, de notre statut par certains cercles hostiles à une formation de qualité qui entoure sa finalisation et demeure encore à l'état embryonnaire au niveau du ministère de la Santé», fait remarquer le porte-parole du SAP. «Face aux caméras de l'ENTV, le ministre de la Santé a annoncé des augmentations de salaire. C'est un mensonge. Comment peut-il parler d'augmentation alors que le statut vient juste d'être déposé au niveau des services de la Fonction publique ?», peste M. Ghachi. Pour leur part, les corps communs du secteur de l'éducation demandent une augmentation conséquente des salaires, l'instauration de primes (de risque, de qualification, de pédagogie, de documentation). Toutes ces manifestations seront couronnées par la marche du 12 février à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie.