«Nous voulons mettre fin à la clochardisation de notre profession.» La grève de trois jours (17,18 et 19 janvier) à laquelle a appelé le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) a été largement suivie hier, au niveau des hôpitaux de la capitale. Le personnel paramédical de l'hôpital Mustapha-Bacha était au rendez-vous pour observer son piquet de grève. Des dizaines de blouses blanches se sont rassemblées dans l'enceinte de l'hôpital où des banderoles et des pancartes portant leurs revendications ont été suspendues. «Le service minimum est garanti», nous affirma le secrétaire général du la section SAP de cet hôpital. En effet, les couloirs du service des urgences sont animés par le va-et-vient des infirmières qui n'ont pas omis de porter un badge sur lequel on peut lire «En grève». Rencontré sur place, le secrétaire national du SAP nous déclare de son côté que «le service minimum est assuré au niveau de tous les hôpitaux du pays». Ce même syndicaliste et sans vouloir se brouiller avec les chiffres se contente de dire que «les personnels paramédicaux de tous les établissements sanitaires publics ont suivi cette grève». Les revendications de cette corporation portent sur l'amélioration des conditions socioprofessionnelles. Il est question, notamment, de l'augmentation des salaires, la révision du régime indemnitaire et le statut particulier. Cela en plus d'autres doléances ayant trait à la formation de ce personnel: «Nous voulons mettre fin à la clochardisation de notre profession», nous déclara Mme Zinou. «Nous ne sommes pas pris en considération», conclut cette infirmière, veuve d'un journaliste assassiné dans les années 90. Mustapha, un infirmier nous indique que «le personnel paramédical est sous-payé». Selon les témoignages des grévistes, le salaire d'un infirmier avec 20 ans de service ne dépasse pas les 22.000DA. «Pour les nouvelles recrues, la situation est plus déplorable encore», ajoute-t-on. Les paramédicaux revendiquent aussi, le droit de bénéficier de l'enseignement supérieur dans le cadre du système LMD et ce «pour améliorer la qualité des soins.» L'autre point qui a été abordé par les grévistes a trait à la charge de travail. «Avec une moyenne d'un (01) infirmier pour 20 malades, les paramédicaux subissent une charge de travail accablante», souligne-t-on. Relevons d'autre part, que ce débrayage, bien qu'il soit annoncé plus d'une semaine à l'avance, a surpris un bon nombre de citoyens. Toutefois, et malgré les désagréments causés par cette grève, certains malades ont témoigné leur solidarité à l'égard des paramédicaux. «On vient de reporter mon rendez-vous mais je ne suis pas furieuse. Ils ont raison de faire grève pour revendiquer leurs droits. D'autant plus que les cas d'urgence sont pris en charge», déclare une dame à l'entrée du service de dermatologie. Les hôpitaux Parnet et Maillot n'ont pas dérogé à la règle. Tous les services sont quasiment paralysés si l'on excepte les urgences. Dans ces deux hôpitaux, le service minium est assuré scrupuleusement. Il faut dire que le SAP vient de réaliser un succès éclatant dans cette grève, la première dans les annales de ce syndicat autonome créé en 2004.