Les représentants des 38 pays membres du processus euroméditerranéen se réunissent aujourd'hui à Barcelone pour faire le point de leur partenariat. L'Union européenne (UE) et les pays du sud de la Méditerranée s'étaient fixé l'objectif, en 1995, de créer une vaste zone de paix et de prospérité partagée. Dix ans après son lancement, force est de constater que cette association n'a pas tenu toutes ses promesses. Son bilan est même très mitigé. Cela pour de nombreuses raisons. L'une d'elles résulte d'abord du fait de l'incapacité de l'UE à jouer un rôle positif dans le règlement du conflit palestino-israélien. En ce sens, l'agression subie par les Palestiniens en 2002 a eu raison du volet politique des accords de Barcelone. Et la dégradation continue de la situation dans les territoires occupés rend, pour l'heure, inconcevable la possibilité de l'adoption de la Charte euroméditerranéenne de paix et de stabilité, véritable âme du processus euroméditerranéen. Au plan de la coopération économique, le tableau ne prête guère également à l'optimisme. Les données du terrain prouvent quotidiennement que les éléments d'un véritable partenariat entre les deux rives de la Méditerranée sont encore loin d'être mis en place. Par ailleurs, les objectifs prioritaires fixés par le programme de coopération pour le partenariat euroméditerranéen, destinés à aider le Sud à se replacer économiquement, n'ont pas été réalisés. Dans bien des cas, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit. Le fossé qui séparait les deux rives, il y a une décennie, s'est creusé davantage dans de nombreux secteurs. A l'inverse, les pays de l'UE ont obtenu des débouchés pour leurs produits sans concéder une quelconque contrepartie. L'analyse des échanges entre l'UE et les pays de la rive sud de la Méditerranée montre, en effet, que le partenariat a été à sens unique. L'autre source de déception tient au fait que le volet sécuritaire a pris récemment le dessus sur les idéaux de Barcelone. La tendance maladive de Bruxelles, consistant à vouloir à tout prix focaliser les débats sur le contrôle des flux migratoires et le dossier du terrorisme, a fini par entourer durablement de suspicion la volonté de l'UE de bâtir un partenariat global et, surtout, équitable avec les pays de la rive sud de la Méditerranée. La décision de beaucoup de leaders arabes de ne pas se rendre aujourd'hui à Barcelone révèle à bien des égards les déceptions suscitées par ce processus et le niveau de discrédit atteint par le discours de l'UE au Sud.