L'adoption de la déclaration du processus de Barcelone boucle cette année son dixième anniversaire. A cet effet, un sommet euroméditerranéen se tiendra dans la capitale catalane les 27 et 28 du mois courant. Ce partenariat euroméditerranéen, signé le 28 novembre 1995 par les gouvernements des 27 pays membres, avait pour objectif principal de faire du bassin euro-méditerranéen une zone de dialogue, d'échanges et de coopération en vue de garantir la paix et la stabilité. Au niveau multilatéral, ils adoptèrent ladite déclaration qui comprend trois volets mettant en oeuvre les principaux éléments d'un partenariat politique et de sécurité, d'un partenariat économique et financier...Néanmoins, l'aspect le plus émergent est l'instauration de la zone de libre-échange d'ici l'année 2010. Cependant, dix ans après la fameuse déclaration, les différentes parties ayant adhéré à ce processus euroméditerranéen s'accordent à dire que ce dernier n'a pas atteint les résultats escomptés. Selon nombre d'observateurs, en dépit de l'importance accordé par l'Union européenne à son élargissement à l'Est, les efforts déployés restent tout de même en deçà des attentes et des aspirations des pays de la rive sud de la Méditerranée. «Ce constat se trouve renforcé par le fait que malgré dix ans d'efforts, le processus euro-méditerranéen n'a pas encore constitué un pôle économique dynamique, avec un marché attractif et un flux d'investissements, d'où la persistance des disparités de développement et les déséquilibres des échanges», souligne le président de la Confédération générale des entreprises algérienne (Cgea) M.Lahbib Yousfi, dans une communication lue à l'occasion du 6e sommet euroméditerranéen des milieux d'affaires, qui s'est déroulé le 23 novembre dernier à Valencia. Le même avis est partagé par le directeur du Parlement européen, M.Joseph Borrel qui souligne que ce sont les conflits politiques qui entravent le développement. En chiffres, cet écart est plus que cinglant. Entre les années 1994 et 2004, le PIB par habitant des Quinze de l´Union européenne a plus que doublé, s´élevant à plus de 30.000 dollars. «Pendant la même période, sur la rive sud, souligne M.Borrel, le revenu par habitant est passé d´un peu moins de 5000 dollars à un peu plus de 5000 dollars malgré les transferts importants de fonds publics de l´Europe.» J. Borrell estime que le problème vient «du fait que les investissements privés n´ont pas suivi les investissements publics, et ce, pour plusieurs raisons, notamment l´absence d´un cadre adéquat pour attirer les investisseurs et la persistance des conflits politiques entre les Etats du sud de la Méditerranée». En dépit de ces insuffisances, le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, demeure optimiste quant à l'avenir du processus de Barcelone. Dans un entretien accordé avant-hier au quotidien El Mundo, M.Moratinos a indiqué que «le sommet de Barcelone marquera la "relance" du processus de partenariat euro-méditerranéen et sera un "pari sur l'avenir». Ce sommet, selon les déclarations du chef de la diplomatie espagnole «doit être un point d'inflexion dans le domaine économique, à travers l'impulsion d'une zone de libre-échange dont l'avènement est fixé à 2010». Par ailleurs, le 10e sommet de Barcelone sera l'occasion, aux gouvernements des 37 pays, d'aborder les multiples entraves qui empêchent le partenariat euroméditerranéen d'évoluer et d'atteindre l'objectif assigné. Lequel objectif ne sera atteint qu'avec un engagement financier réel des participants.