Les employés exercent dans une ambiance électrique générée des citoyens exaspérés par les lenteurs dans le traitement de leurs dossiers. Le climat social dans la wilaya de Annaba est tendu. Les citoyens prennent quotidiennement d'assaut l'administration locale pour différents besoins. Les sièges des communes sont en premier lieu la destination des chômeurs, alors que les daïras attirent plutôt les demandeurs de logements et de documents officiels tels que le passeport et la carte d'identité nationale biométriques, la carte grise, etc. Cette ruée des citoyens a incité les cadres de la daïra à travailler au-delà des heures administratives, voire même les week-ends. «Nous sommes bien obligés de régler les problèmes des citoyens dont plusieurs dossiers datent de 2005; nous recevons en moyenne 200 personnes par jour, dont la quasi-totalité a les les mêmes préoccupations: le logement et les documents officiels», explique un cadre de la daïra de Annaba. Il nous fera savoir que son administration a délivré, durant les trois derniers mois, 3 000 cartes grises et régularisé 150 cas en instance. Cela a été effectif grâce aux heures supplémentaires. D'un autre côté, il dénonce le comportement agressif des administrés envers le personnel, sachant que ce dernier se compose dans sa majorité (90%) de femmes. Les citoyens pensent qu'ils sont dans leur droit. Un droit consacré par le président de la République, qui a appelé l'administration à plus d'ouverture et de communication avec le peuple. Plusieurs citoyens, assis à même le trottoir de la daïra, vont même jusqu' à menacer en ces termes : «Le président de la République a donné ordre à toutes les administrations d'ouvrir ses portes, d'écouter nos préoccupations et surtout de régler nos problèmes le plus rapidement possible. Si on constate une quelconque difficulté, nous répliquerons par une manifestation.» Les alentours du siège de la daïra ne désemplissent pas. Il est devenu un lieu de rencontre où plusieurs femmes passent l'essentiel de la journée à se raconter leurs problèmes sociaux. Elles sont, pour la plupart, des demandeuses de logement, et à un degré moindre, en attente de la carte grise. «Nous somme des habitantes de la vieille ville; nous attendons l'attribution de nos logements qui tarde à venir. Nous avons été reçues par le chef de daïra qui nous a promis une attribution prochaine. Nous sommes toujours là, histoire de d'échanger nos préoccupations», assure Aïcha, une vielle dame que nous avons rencontrée hier devant la daïra.