Les étudiants rassemblés hier devant le ministère de l'Enseignement supérieur qualifient le nouveau décret relatif à la grille des niveaux de qualification de «décret de la honte». Ecole supérieure, diplôme inférieur» ; «Ingénieurs d'Etat, l'Etat nous rejette». Tels sont les slogans scandés par les centaines d'étudiants des Ecoles nationales supérieures qui se sont donné rendez-vous hier devant le siège du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Malgré l'interdiction des marches et rassemblements sur la voie publique à Alger, ces étudiants ont réussi hier à organiser leur rassemblement pour protester contre le décret présidentiel, qu'ils qualifient de «décret de la honte». Les étudiants approchés, notamment les délégués des étudiants des différentes écoles, ont insisté sur le fait que leurs revendications n'ont rien de politique. «Nous sommes des étudiants et réclamons un statut. Nous sommes conscients de ce qui se passe actuellement. Personne ne peut récupérer notre colère», souligne un étudiant à l'ENTP. Les représentants des organisations estudiantines, venus «soutenir ce mouvement», ont été chassés par les étudiants des Ecoles nationales. «Nous n'avons pas besoin du soutien des organisations, quel que soit leur caractère. Nous sommes en mesure de réclamer nos droits», ont-ils affirmé. Toutefois, certains d'entre eux brandissaient, à côté du drapeau algérien, l'emblème tunisien. Face à cette mobilisation estudiantine inattendue, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé hier matin. Des dizaines de fourgons de CNS ainsi qu'un camion à canon arroseur ont campé dans la cour du ministère, guettant le moindre dérapage. Mais les étudiants, qui ont exclu les intrus en exigeant les cartes, ont réussi à tenir un rassemblement pacifique. Les forces de l'ordre ont quitté les lieux à 11h30, sous les applaudissements des étudiants. «LMD : système importé» Les représentants des délégués ont été reçus par le chef de cabinet et d'autres hauts responsables au niveau du ministère. «Nous avons cru devenir ingénieurs d'Etat, mais nous ne savons pas où est l'Etat. Nous n'allons pas pour négocier mais pour demander l'annulation du décret», a tonné Karima, étudiante à l'Ecole nationale supérieure d'informatique. Pour sa part, un étudiant de l'ENTP a estimé que ce décret n'a été élaboré que pour favoriser le système LMD, au détriment des élèves des grandes écoles : «On exige de nous un recyclage d'une année pour accéder à la recherche, alors que les étudiants du système LMD accèdent au doctorat sans concours.» «Ils ont importé le système LMD de l'étranger, ils n'ont qu'à l'appliquer tel qu'il est appliqué à l'étranger», a suggéré un autre étudiant, estimant que les grandes écoles ont gardé leur statut. Si les étudiants des écoles nationales contestent leur classement en catégorie 13, exigeant la catégorie 15, ceux des écoles préparatoires, qui ont participé au rassemblement d'hier, réclament l'amélioration de leurs conditions pédagogiques. «Nous partageons des salles de classe avec les élèves du lycée Emir Abdelkader. Nous sommes isolés de l'administration», nous a rapporté un étudiant en première année d'école préparatoire qui a obtenu son bac avec 17 de moyenne. Et d'ajouter : «Nous n'avons pas d'enseignants. Nous préparons un ingéniorat sans travaux pratiques. Les étudiants de la section E, première année sciences et technique, n'ont que deux enseignants pour 11 modules, le budget n'a pas été réparti de manière équitable sur le nombre d'écoles préparatoires existant en Algérie.»