Des centaines d'étudiants des grandes écoles ont observé hier un sit-in au niveau du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour dénoncer un décret stipulant rétrogradation du diplôme d'ingénieur. Désormais, l'ingénieur sera classé à la catégorie 13 de la Fonction publique après avoir été à la 15. «La mention d'Etat sera supprimée pour être remplacée par grande école. Ainsi, au lieu d'ingénieur d'Etat qui est censé faire de la recherche, ce sera ingénieur de grande école, qui équivaut au simple titre d'ingénieur, c'est-à-dire ingénieur d'application», a expliqué Sofiane de l'école des travaux publics. Et d'ajouter : «Nous allons continuer notre mouvement de protestation jusqu'à l'abrogation de ce décret. Nous ne sommes même pas associés à cette décision, alors que nous sommes à l'avant-garde de la société.» Les étudiants des grandes écoles algériennes sont déçus par un décret qui dénigre leur formation et les place au même pied d'égalité que les diplômés des autres universités. Ces étudiants qui ont eu leur bac avec mentions «Bien» et «Très bien», qui ont passé un concours d'accès à ces écoles et dont le rythme de travail est draconien, se sentent lésés et trahis. A quoi bon avoir un bac avec une bonne mention ? A quoi bon mener un cursus si difficile dans une grande école ? Ce que nous n'arrivons pas à comprendre, c'est justement cette humiliation et ce dénigrement. Nous refusons ce décret, nous n'allons pas nous taire, advienne que pourra», a martelé Karima, une étudiante de l'Ecole nationale d'informatique. Ce décret met à égalité le diplôme d'ingéniorat d'Etat avec un mastère II du système LMD. Pis, l'étudiant du système LMD passe directement à l'école doctorale après avoir eu son mastère II, ce qui équivaut à cinq années d'études, au même titre que les études d'ingéniorat. Mais l'ingénieur d'une grande école doit impérativement passer un concours d'accès pour entrer à l'école doctorale. Ce que les étudiants des écoles refusent en bloc. «Notre régime est différent des autres universités. Nous sommes des étudiants des grandes écoles, pourquoi les laisser alors ? Pour nous, c'est le décret de la honte», a fustigé Anis. Les écoles concernées, au nombre de 13, ne sont pourtant pas des moindres. Il s'agit entre autres de l'Ecole supérieure d'informatique (ESI), de l'Ecole nationale supérieure des travaux publics, de l'Epau et de l'Institut national d'agronomie (INA). Le rassemblement devant le ministère s'est déroulé sans incident, grâce à l'organisation quasi-parfaite des étudiants. «Nous sommes venus réclamer notre droit. Nous sommes les constructeurs de demain et non les destructeurs», a conclu Nadjib. Du côté du ministère, c'est le silence radio. Malgré notre insistance, aucun responsable n'a voulu nous recevoir et aucune explication ne nous a été donnée.