La ville de Annaba était, hier, en ébullition. Plusieurs milliers de jeunes chômeurs ont pris d'assaut le siège de la wilaya, revendiquant un poste d'emploi dans l'immédiat, a-t-on constaté sur place. D'autant plus que le wali de Annaba avait annoncé, la veille, la création de près de 7000 postes à l'échelle de la wilaya, issus de plusieurs projets d'amélioration urbaine et une opération de dynamisation des dispositifs de soutien de l'Etat à l'emploi. Auparavant, ces protestataires avaient pris part, à la salle Pax, à une rencontre portant sur les efforts des autorités locales en matière de création d'emplois. Après avoir quitté prématurément la réunion, ces jeunes sans emploi ont organisé spontanément une marche sur le cours de la Révolution. Devant ce climat d'insécurité, toutes les institutions financières implantées en majorité sur ce boulevard ont baissé rideau, craignant d'être saccagées par les émeutiers. Les chômeurs scandaient des propos hostiles et obscènes à l'adresse du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du gouvernement, dénonçant haut et fort les promesses non tenues quant à leur insertion professionnelle. «Ouyahia avait déclaré à la télévision que les pauvres citoyens ne sont pas obligés de manger du yaourt. Mais son fils a le droit d'avoir un crédit bancaire de plusieurs milliards, alors que ses pairs sont en chômage et n'ont même pas de quoi se payer un café, encore moins un paquet de cigarettes. Nous disons à Ouyahia que toute la jeunesse algérienne le déteste. Vaut mieux que tu dégages», ont tonitrué plusieurs jeunes manifestants avant de se diriger vers le siège de la wilaya. C'est là que la situation s'est attisée davantage pour se transformer en émeute. Avant que l'immense foule arrive, un cordon sécuritaire avait été mis en place. Pour parer à toute éventualité, plusieurs dizaines de policiers antiémeute se sont alignés devant la porte principale du siège de la wilaya. En effet, dès leur arrivée, plusieurs centaines de jeunes manifestants ont tenté d'y pénétrer. Devant la résistance des services de sécurité, la colère des protestataires est montée d'un cran. Ils n'ont pas hésité à prendre les policiers comme cible par un déluge de jets de pierres, faisant plusieurs blessés parmi eux. La réplique n'a pas tardé : la foule a été violemment bastonnée, ce qui a causé des incapacités physiques à une dizaine d'émeutiers. Parallèlement, des jeunes de la cité Didouche Mourad ont pris possession du boulevard d'Afrique reliant la cité populaire de la Plaine-Ouest au centre-ville. A coups de pierres, ils se sont attaqués à plusieurs véhicules, dont un bus de transport public, avant d'être dispersés par les éléments de la 5e sûreté urbaine.