La colère des paramédicaux n'a pas baissé d'un iota. Si le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière crie sur tous les toits que le dialogue et la concertation restent les «seuls moyens» à même de permettre de concourir à l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des professionnels de la santé publique, le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) bat en brèche ses déclarations en qualifiant Ould Abbès d'irresponsable. Face à cette situation, le SAP n'est pas près de geler de sitôt son mouvement de protestation. Le secrétaire général du syndicat s'est dit stupéfait de la démarche «irresponsable» du ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière. Pour les infirmiers, Ould Abbès veut, à tout prix, le pourrissement. Faut-il rappeler que le ministre de la Santé avait lancé une invitation au SAP pour une réunion de travail afin de désamorcer la crise et d'essayer de trouver une solution aux problèmes posés par le personnel paramédical. Le syndicat avait répondu positivement à l'invitation et la rencontre devait avoir lieu dimanche passé. Mais n'ayant pas fixé l'heure du rendez-vous, le porte-parole du syndicat, M. Ghachi, a décidé d'appeler la tutelle pour de plus amples informations. Quelle ne fut sa surprise lorsqu'au bout du fil, une secrétaire leur suggérant de passer au ministère à n'importe quelle heure et de chercher après un responsable pour lui soumette leurs préoccupations. Mépris «Nous demandons au ministre d'avoir du respect et de la considération envers notre corporation. Cette manière de faire prouve une fois de plus le manque de sérieux de la tutelle et le mépris affiché envers les paramédicaux», fulmine Ghachi qui constate avec regret «l'irresponsabilité» du ministère de la Santé qui n'arrive même pas à mettre de l'ordre dans son département ministériel en gérant un conflit anarchiquement, ne réalisant pas la gravité de la situation et le pourrissement que tout cela pourra engendrer. Aujourd'hui, le personnel paramédical est plus que déterminé à poursuivre la protestation et à arracher ces revendications malgré l'arsenal répressif qui s'abat quotidiennement sur les cadres syndicaux et les adhérents. Le syndicat se dit, certes, ouvert au dialogue, mais il refuse de s'y rendre, cette fois-ci, s'il ne reçoit pas une invitation officielle et écrite de la part de la tutelle. «Lorsqu'il a pris les commandes du ministère, Ould Abbès a déclaré devant les caméras de la télévision algérienne qu'il était médecin et de ce fait il comprenait les doléances de la corporation. Apparemment le ministre ne se soucie guère de nos préoccupations», souligne Ghachi. Mensonges Le secrétaire général du SAP explique que la grève illimitée à laquelle il a appelé, depuis mardi 8 février, se poursuivra dans les hôpitaux et les polycliniques du secteur public. Hier, le syndicat a paralysé tous les services des centres hospitalo-universitaires d'Alger. «Nous avons respecter les lois de la République en assurant un service minimum. Maintenant si le ministre de la Santé continue à nous ignorer, nous passerons à une vitesse supérieure», a fait remarquer un syndicaliste irrité par l'attitude du ministère. Cependant, selon le syndicat, cela ne faiblira en rien leur détermination, et ce, quel que soit le prix à payer. «Suite à la mise à nu des mensonges médiatisées et l'incapacité de la tutelle à répondre favorablement à nos doléances, notre grève reste pour l'heure illimitée», note M. Ghachi, qui estime qu'en dépit des intimidations et de la pression exercées par l'administration, l'ensemble des paramédicaux, qui compte radicaliser son mouvement en lançant d'autres actions, est mobilisé pour faire aboutir ses revendications légitimes.