Le quatrième Forum des affaires algéro-allemand (F3A) s'est tenu, lundi dernier, au ministère allemand de l'Economie et de la Technologie (ex-ministère de l'Economie et du Travail) situé à l'ouest de Berlin. Ce département ministériel a été rebaptisé ainsi récemment avec la confirmation d'Angela Merkel comme chancelière. Le ministre des Participations et de la Promotion des investissements, Abdelhamid Temmar, qui a présidé la délégation algérienne à ce forum, a fait un exposé sur l'économie algérienne pour permettre aux nombreux opérateurs économiques allemands de cerner les opportunités d'investissements que pourrait leur offrir l'Algérie. Pour lui, certes, l'économie algérienne est mono-exportatrice et est largement dépendante des cours du pétrole qui grâce à « la bonté divine », a-t-il ironisé, restent élevés. Mais dans la conjoncture qu'a connue l'Algérie ces dernières années, il était impossible de changer cette donne. Actuellement, le gouvernement œuvre à faire en sorte que l'économie « ne compte pas seulement sur le pétrole ». La première étape avait pour objectif la normalisation de la situation et la relance économique. Considérant cet objectif comme acquis, le ministre a souligné que « maintenant, on parle de consolidation et de croissance ». Répondant à une interpellation de la secrétaire d'Etat parlementaire au ministère fédéral de l'Economie et de la Technologie, Dagmar Wöhrl, qui reprochait à l'Algérie d'être à la traîne en matière d'intégration régionale, M. Temmar n'est pas allé par quatre chemins et a clairement signifié à la représentante du gouvernement allemand que l'Algérie est résolument tournée vers l'Europe. « C'est un choix stratégique. 60% de nos échanges se font avec le Vieux Continent », a-t-il affirmé. Celui à qui échoit de mener à bien le processus de privatisations avait terminé son intervention en appelant les entrepreneurs allemands à investir massivement en Algérie. Le ministre a brossé un tableau reluisant de l'économie nationale. Pour ce faire, il a eu recours au langage des chiffres. « La croissance s'est stabilisée en trois ans à 5% et devrait atteindre 7% en 2009. Le taux de chômage est passé de 32% en 1999 à 15% cette année. Le pouvoir d'achat aura doublé et la dette sera quasi-nulle dans quatre ans », a-t-il dit. Les réformes engagées par le gouvernement algérien ne s'arrêtent pas là pour encourager l'investissement, a-t-il poursuivi en annonçant une palette de mesures dans ce sens. Il en est ainsi d'une baisse des taux d'intérêt qui est envisagée si cela s'avère encore nécessaire, a-t-il révélé. Il a informé, par ailleurs, qu'il a fait part au président de l'Association allemande des banques qu'il a rencontrées dans la matinée de lundi dernier, que dans le domaine des finances, trois dispositions ont été décidées, dont la mise en place d'une législation qui facilite l'entrée en bourse des entreprises, notamment familiales, Sarl ou Eurl. Les critères d'éligibilité seront examinés pour permettre à ces entreprises qui constituent 80% du tissu industriel algérien de recourir au marché secondaire. Il est également prévu la création d'une banque d'investissement et d'une banque d'affaires. Pour ce qui est du processus de privatisations, Abdelhamid Temmar a reconnu l'échec de la politique pour laquelle avait opté le gouvernement lors de son lancement. « Nous étions organisés pour ne pas privatiser », a-t-il déclaré à ce propos tout en signalant que la situation a changé ces derniers mois et les modifications apportées dans la stratégie de privatisation se sont concrétisées par la cession partielle ou totale de 350 entreprises publiques économiques (EPE) les deux mois derniers. Une trentaine d'appels d'offres sont lancés mensuellement et une moyenne de 24 d'entre eux aboutissent. our ce qui est des opérations finalisées, 75% des acquéreurs sont des opérateurs nationaux alors que 25% sont étrangers. Reste à savoir si Abdelhamid Temmar a réussi à convaincre ses vis-à-vis Allemands. « Nous venons à cette séance pour vous proposer 15 entreprises », a-t-il indiqué à leur intention. D'ores et déjà, le groupe allemand Knauf, spécialisé dans les matériaux de construction, a ouvert le bal. Il est entré à hauteur de 50% dans le capital de la plâtrière Fleurus près d'Oran et compte y investir 25 millions d'euros. Le groupe Siemens, dont la présence en Algérie remonte à août 1962, lorgne du côté de Ferrovial, entreprise de montage de wagons. Le plus grand investisseur allemand, à savoir le groupe Linde, s'intéresse, quant à lui, à l'Entreprise nationale de gaz industriel (ENGI). L'ouverture des plis portant ouverture du capital de cette entité aura lieu le 20 décembre prochain. Le groupe Linde cherche ainsi à consolider sa présence en Algérie pour dominer la sous-région.