Depuis hier, 24 février, l'Algérie n'est plus sous état d'urgence. L'ordonnance présidentielle n°11-01 datée du 23 février 2010 portant levée de l'état d'urgence a été publiée dans le Journal officiel, signant ainsi la fin officielle d'une situation d'exception qui a duré 19 ans. L'annonce de la levée de l'état d'urgence, promulgué le 9 février 1992 par le Haut Comité d'Etat présidé alors par le défunt Mohamed Boudiaf, a été faite par le président Bouteflika lors du Conseil des ministres du 3 février dernier. Le Journal officiel publie également une ordonnance présidentielle fixant les conditions de la résidence surveillée pour les cas de terroristes ainsi qu'une ordonnance modifiant la loi n°91-23 relative à l'intervention de l'armée pour la sauvegarde de l'ordre public. Un dernier décret présidentiel, n°11-90, charge le chef d'état-major de l'ANP du «commandement, de la conduite et de la coordination des opérations de lutte contre le terrorisme et la subversion sur toute l'étendue du territoire national». Un prochain arrêté conjoint ministère de la Défense-ministère de l'Intérieur devra définir les modalités de ce décret. A signaler que la levée de l'état d'urgence intervient 48 heures avant une marche non autorisée décidée par la CNCD à Alger. Elle intervient également le jour de la visite-éclair à Alger de William Burns, sous-secrétaire d'Etat américain aux affaires politiques. Washington avait salué la mesure annoncée, mais le porte-parole du département d'Etat, Philip Crowley, avait écrit cette semaine sur son micro-blog twitter : «La décision du gouvernement algérien de lever l'état d'urgence est positive, mais elle doit se traduire par une extension des libertés et un véritable changement.» Or, question libertés, l'Algérie semble encore loin du compte. (Lire le papier ci-contre de Fayçal Métaoui).