Les eaux des stations d'épuration sont jetées en mer lorsqu'elles ne servent pas l'agriculture. Les énergies propres vont s'installer dans les stations d'épuration. La réutilisation des eaux épurées des STEP (Station de traitement et d'épuration) est de plus en plus envisagée, et une réflexion est en cours à propos des meilleures techniques à utiliser, apprend-on auprès de Amer Chouikh, directeur central de l'exploitation de Office national de l'assainissement (ONA) qui gère 69 STEP sur les 150 réparties à travers le territoire national. Ces énormes quantités d'eau traitées sont malheureusement rejetées en mer ou ailleurs, faute d'utilisation par le secteur agricole ou autre, précisera le directeur d'exploitation de l'ONA qui ajoute que des réflexions et recherches sont entamées pour trouver la meilleure application à la question du traitement des eaux et leur récupération pour des besoins divers tout en utilisant les énergies renouvelables. Rencontré en marge du séminaire de formation sur le rôle des énergies renouvelables dans le traitement et l'épuration des eaux qui s'est tenu à l'UDES (Unité de développement des équipements solaires) de Bou Ismaïl du 13 au 17 février, Amer Chouikh indiquera que les responsables du secteur hydraulique sont en train de réfléchir aux meilleures techniques de récupération des eaux traitées pour leur utilisation dans l'irrigation des terres agricoles ou encore pour des opérations de nettoyage des voiries par les APC. Selon le même responsable, il existe à ce jour en Algérie 150 STEP qui sont en exploitation et gérées soit par les entreprises de réalisation dans le cadre des contrats soit par des SPA dont 69 sont gérées par l'ONA avec une capacité globale de traitement de 6 millions équivalents/habitants. Ces STEP traitent 650 millions de mètres cubes par an de rejets des eaux usées ménagères, industrielles ou encore des eaux pluviales dont 120 millions de mètres cubes pris en charge par les stations gérées par l'ONA, ce qui donne un pourcentage de 35%. Le traitement des eaux par l'énergie solaire a connu un début d'application dans la STEP du Chenoua qui installera des panneaux solaires pour l'éclairage extérieur avant de passer à l'opération d'épuration proprement dite. Un roseau pour désinfecter L'expérience la plus avancée, lancée le 15 janvier dernier dans le cadre de ce projet d'utilisation des énergies renouvelables pour le traitement et l'épuration des eaux est, selon notre interlocuteur, le cas de la STEP de Ngoussa (5000 m3/jour) qui fait partie des trois stations de Ouargla, où une technique d'épuration à filtre plantée (un roseau disposant d'une capacité de désinfection importante) est déjà expérimentée avec en plus l'utilisation de l'énergie solaire pour l'alimentation de la station et son éclairage. Interrogé sur les économies que pourraient faire ces stations en utilisant les énergies renouvelables qui restent encore très chères, notre interlocuteur indiquera que les 69 stations gérées par l'ONA ont consommé durant l'année écoulée 31 millions de KWH d'électricité soit un ratio de 0,29 kwh/m3 épuré ou encore 1,05 DA par mètre cube traité. De plus, ajoutera-t-il, l'Office a installé 25 500 km de réseaux d'assainissement dans les 648 communes où l'assainissement est géré par l'ONA. Les deux autres projets maturés concernent la réalisation d'une tour solaire à Ouargla dont l'énergie va servir au traitement de la salinité de l'eau à travers une station d'une capacité de 400 000 équivalents/habitants ainsi que celui réservé au drainage et au traitement des eaux de la wilaya d'El Oued, indiquera M. Chouikh et ce, grâce à une enveloppe de 60 milliards de dinars. Dans le cadre du plan quinquennal 2010/2014, il est prévu la réalisation de 40 autres STEP dans les wilayas des Hauts-Plateaux et du Grand Sud qui seront d'un appoint important, puisqu'elles permettront d'améliorer nettement le taux de traitement qui avoisinera les 70%. Un centre de formation aux métiers de l'assainissement Interrogé sur la situation des STEP qui ont connu dans le passé de gros problèmes de gestion, en raison du déficit en personnel qualifié et de moyens financiers puisqu'elles étaient confiées aux APC, M. Chouikh dira qu'en plus de la gestion qui est confiée à l'ONA, il existe depuis 2004, un centre de formation aux métiers de l'assainissement à Boumerdès qui sera érigé en institut, doté de laboratoires et autres équipements de pointe pour son fonctionnement afin de parer le problème du déficit en personnel qualifié. Le problème du budget de fonctionnement de ces stations reste la préoccupation principale, selon le directeur, qui rappelle que celles-ci fonctionnent actuellement avec le tarif d'assainissement de 30% compris dans les factures d'eau, ce qui est très insuffisant. Pour ce qui est de l'apport du Fonds national de l'eau au budget de l'ONA, notre interlocuteur précisera que celui-ci prenait en charge uniquement les équipements des stations et non pas leur fonctionnement. Une solution pourrait être envisagée, conclura Amer Chouikh, à savoir confier à l'ONA la maîtrise d'ouvrages du projet, évaluée à ce jour à 4% du montant total du projet, ce qui serait une véritable bouffée d'oxygène pour l'Office qui pourrait ainsi voler de ses propres ailes.